Une des premières neiges de la saison avaient balayés l’étrange ville. Pendant la nuit, une légère accumulation de flocons recouvrit le sol gelé, cachant les amas de feuilles mortes laissées par l’automne. Ce matin, au réveil de la Belle, il ne restait que quelques endroits blancs, sinon tout avait fondu. Seuls les nuages sombres restaient au ciel, sinon rien qui annonçait une prochaine neige. Miss Anderson aurait bien aimé que cela reste blanc. Sans savoir pourquoi, elle aimait bien l’hiver et la neige froide qui venait avec. C’est ce qui l’avait poussé à aller dehors en pareil matinée froide de décembre. Bien emmitouflée dans ce qui se devait d’être tout de même chic et beau, la sorcière déambulait déjà dans les rues de Black Valley. Elle marchait sans cesse ces temps-ci, ayant besoin d’espace. Elle ne supportait d’être enfermée entre quatre murs. Elle n’était pas la seule chez qui la neige occasionnait quelconque joie, certains habitants étaient aussi à l’extérieur, habillés chaudement. Pour la plupart c’était tous des humains. La Belle aurait apprécié être seule dans les rues, et non parmi tous ces êtres inférieurs que sont les humains. Un simple sourire en coin orna son faciès stoïque. Khalysta revoyait bon nombre d’entre eux qu’elle avait déjà manipulés pour le plaisir, lors de ses soirées d’ennuis. Elle aimait jouer avec leurs sentiments, voir comment elle réagissait alors qu’elle les séduisait par sa magie rouge. À chaque fois qu’elle y pensait, ce même petit air triomphant qu’elle abordait alors qu’elle avait le dessus sur quelqu’un surevenait. On a chacun nos passe-temps, non?

Khaly’ se promenait à travers la ville, le vent jouait dans ses cheveux, rosissant en même temps ses joues pâles. Elle s’éloignait quelque peu de la partie la plus habitée de la ville, se dirigeant vers l’endroit qu’elle allait le plus souvent depuis près d’un an. Le grand espace vert avait beaucoup plus de neige que le reste de la ville, ayant moins de passant. Même qu’il n’avait pas de gens là où elle allait. Aussi désert qu’à l’habitude, elle traversa le champ de pierre allant comme ordinairement vers les deux qui la préoccupait le plus. Les deux tombes dressées à travers la neige, semblait plus triste et sinistre qu’à l’accoutumée. Elle ne pouvait pas passer une journée sans venir au cimetière voir la tombe de ses parents et ce, depuis leur mort. Rituel quotidien, elle ne restait jamais plus de dix minutes, cela était trop. Aujourd’hui encore, elle n’y resta que quelques minutes. Le sourire qui avait orné ses lèvres dans les rues de la ville avait disparu laissant place à son habituel visage de marbre. Quittant l’endroit macabre, elle avait toujours ce besoin d’être dehors, de marcher et pourquoi pas, d’oublier. Cela lui faisait toujours le même effet. Chaque visite avait son lot de tristesse. Malgré l’énorme carapace qui la couvrait et son côté diabolique prédominant, il avait au fond d’elle, certes des sentiments. Ce côté vulnérable d’elle, l’Anderson le détestait. Elle le savait qu’aller au cimetière occasionnait ces ressentiments, mais ne pas s’y rendre serait pire.

Quittant la cause de cet état, la Belle reprenait peu à peu son côté dur. Sa démarche était sûre et son regard ce voulait tout autant supérieur qu’au début. Bref, c’était la vraie Khalysta. Celle-ci devait toujours marcher et rester à l’extérieur, mais au moins elle n’avait pas cet air abattu au visage. Restant dans cette partie moins fréquentée de la ville, elle se baladait à travers les arbres des environs, s’engouffrant de plus en plus dans la forêt dense. Le temps semblait s’être arrêté dans les bois. Un silence religieux englobait la place, seuls quelques bruits d’animaux pouvaient parfois le briser. Sans réellement s’en rendre compte, elle continuait allant plus loin qu’elle ne l’aurait voulu. Presque aux frontières de la ville, on apercevait au haut de la cime des arbres les collines un peu plus loin.

Un bruit sonore détruit le silence régnant dans l’endroit à ce moment. Curieuse de nature, la Demoiselle, s’y dirigeait. Elle était toutefois sur ces gardes, se souvenant d’une certaines soirées où elle s’était fait attaquée avec son ennemie. Ses pouvoirs étaient là pour ça, non? Khalysta savait environ d’où cela provenait. Une grotte se trouvait non loin, et l’écho du bruit démontrait bien sa théorie. Près d’un arbre, elle observait ce qui pouvait bien y avoir dans ce lieu lugubre…

Un bruit quelconque sortit Jonathan de son réveil. Il faisait encore sombre et l’aube allait seulement arriver. Il se leva et regarda par la fenêtre. Il avait neigé. Comme il adorait ces moments d’hivers où le paysage était recouvert d’un voile blanc immaculé, lui rappelant son enfance à Vancouver. Cependant, la neige avait déjà bien fondue et à certains endroits, elle avait complètement disparu. Une envie lui vint, aller se balader dans la forêt. C’était un endroit qu’il appréciait singulièrement. Le calme et la solitude lui plaisait dans cet étrange bois. Il se dépêcha donc de se préparer et de partir avant que Black Valley ne se réveille. Les rues étaient désertes, à l’exception de quelques idiots, probablement des humains, qui s’amusaient comme de vulgaires enfants dans les minces étendues blanches. Jonathan n’y prêta aucune attention et continua son chemin. Il pensait à ces humains. Il ne comprenait toujours pas comment ils arrivaient à persister, faibles et démunis de toutes capacités. Evidemment, arrivé à Black Valley depuis peu, la plupart des habitants le prenaient lui aussi pour un homme ordinaire, normal. Seuls quelques uns avaient remarqués une différence. Jon’ était différent.

Il faisait assez froid. Jonathan marchait d’une démarche rapide dans le but de se réchauffer un peu. La neige avait fièrement combattu dans la forêt et il n’y avait qu’à de rares endroits où elle avait tendance à fondre. L’aube se levait doucement et Jon’ marchait dans la forêt, en déroute. Il ne la connaissait pas bien, il n’avait pas encore eu vraiment l’occasion de la découvrir. Il n’eut donc aucun mal à se perdre. En fait, le jeune homme aimait se perdre. Ce comportement particulier le démarquait des autres. En s’égarant, il perdait l’emprise du temps, profitant de chaque instant, et pouvait laisser ses sens se réjouir. Il humait l’odeur des hauts sapins, goutait les rares baies des bois qui avaient lutté contre les premières gelées, touchait ce qu’il n’avait point encore eu la chance de croiser. Il faut l’avouer, Black Valley est fort différent de Vancouver, d’où il venait. Il avait eu du mal à quitter cette ville qu’il chérissait cependant, il s’était rapidement habitué à ce changement catégorique de milieu. Il découvrait la nature, ce qui à Vancouver manquait.

Il laissa court à ses pensées et ne regardait plus où il allait. Il s’engouffrait de plus en plus dans la sombre et froide forêt, laissant son instinct le guider. Alors qu’il était en train d’imaginer ce qu’il allait bien pouvoir faire une fois rentré au village, Jon’ aperçut une grotte. Il ignorait qu’il en existait une ici. Il s’approcha et s’arrêta juste devant. Jonathan n’était pas quelqu’un comme les autres, il était une de ses rares personnes qui faisait davantage confiance à sa folie qu’à sa raison. En plus de cette folie permanente, il était d’une énorme curiosité. Chaque détail l’intriguait, chaque énigme suscitait une réponse, même si pour la trouver il devait tout affronter, chaque chose méritait une explication. Cela faisait bien longtemps qu’il avait dépassé la limite de sa curiosité. Il ne put donc s’empêcher de vouloir entrer dans la grotte. Elle était assez basse, creusée dans de la roche blanchâtre. Il y faisait certainement sombre, vu qu’on ne pouvait voir ce qu’elle renfermait.

Jonathan entra. Il lui fallut un certain temps pour que ses yeux s’accommodent avec cette obscurité soudaine. Il sentait quelque chose d’étrange ici. Ce lieu avait une histoire, un passé peut-être horrible. Jon’ avait ce pressentiment. Il découvrit en s’aventurant d’étranges inscriptions aussi illisibles qu’indéchiffrables. Néanmoins, il prit le temps de les observer. En se relevant, il se cogna la tête contre la paroi rocheuse, tomba sur le sol humide en pente et glissa dans un bruit infernal. Il se redressa durement, encore sonné. Après quelques instants d’errance inconditionnelle, il remarqua qu’il était atterri devant un lac. L’eau était calme, sans aucune ondulation, comme stagnée à jamais. Cependant, elle n’était ni transparente ni claire. L’eau était troublée par une couleur tirant vers le noir, due à l’obscurité. Il discerna légèrement son reflet, flou et incertain.
Un bruit l’obligea à se retourner. Plus haut, d’où il avait glissé, se dessinait une ombre, dissimulée dans la pénombre. Jonathan n’attendit pas plus longtemps.

Une tranquillité paisible régnait sur la forêt qui pourtant pouvait abriter plus d’une sorte de bête. Avec le vent qui déferlait sur les environs, les accumulations de neiges sur les branches d’arbres et de sapins tombaient par moment. La Belle tentait de les éviter, pour garder ainsi sa chevelure intact. À quelques reprises, elle devait s’accoter aux troncs des arbres afin de ne pas glisser. Elle se demandait ce qu’elle faisait encore-là. C’était loin d’être un endroit pour elle. Mais bon, ses jambes la guidaient et cette sensation de liberté revenait peu à peu. Khalysta s’engouffrait de plus en plus dans l’espace vert, elle le connaissait assez bien pour y être venu quelques fois, mais sans plus. La Demoiselle était presque au fin fond de cette forêt, mais cela ne l’empêchait pas de continuer son chemin. Elle ne voulait pas arrêter de marcher, sans même comprendre pourquoi. Seul le bruit qui allait résonner pouvait l’arrêter et c’est ce qui arriva. Au son sonore, ses pas avaient ralentis pour finalement se stopper. Elle était maintenant devant la mystérieuse grotte. On racontait toutes sortes d’histoires à propos de celle-ci. Peu d’entre elles étaient véridique. Khaly’ avait légèrement sursauté et tous ses sens lui disaient de ne pas se faire trop remarquer. Difficile alors qu’on est dans une forêt, mais la jeune femme se rétracta tout de même derrière un arbre. Sa dernière expérience lui disait d’être prudente.

Ce n’est que lorsqu’elle entendit la voix d’un homme que Miss Anderson reprit contenance. Revenant ainsi dans une position plus normale, s’éloignant par la même occasion de l’arbre en question, elle se trouver légèrement stupide d’avoir cru que c’était autre chose. Ce n’était qu’un humain… Un simple humain qui ne méritait pas qu’elle s’attarde davantage. Seulement, il ne faut pas se fier aux apparences. Mais elle avait fait toute une scène pour un rien. Elle replaça machinalement ses cheveux bouclés. L’option de s’éloigner sans rien dire était plutôt alléchante dans son esprit. La Demoiselle n’allait sûrement pas rester bavarder avec lui. Quoi que… Une deuxième option vint rapidement dans la tête de la Belle. Pourquoi ne pas s’amuser un peu? Il était là, elle était là et cela faisait un moment déjà qu’elle n’avait pas manipuler quelqu’un. Certes, elle n’avait pas l’habitude de le faire en de tel endroit, mais elle s’adapte à tout l’Anderson. Elle se rappela alors la question laissé jusqu’à ce moment, en suspend. Elle n’allait tout de même pas dire qui elle était, pas tout de suite en tout cas.

Elle se rapprocha donc de la grotte. À son entrée, elle ne voyait presque rien de son intérieur. Khaly’ avait aucune idée à quoi pouvait ressembler la personne qui lui parlait. Mais cela ne la dérangeait pas. Un sourire sournois et amusé à la fois apparaissait à ses lèvres teintes de rouges. Ses yeux sombres s’habituèrent peu à peu à l’obscurité de l’antre. Elle ne voyait qu’une ombre qui dessinait la personne. Une certaine hâte de s’amuser montait en elle, emplissant son menu corps.

Khalysta… Et vous?

Elle dit rapidement la deuxième partie de sa phrase, de sorte qu’on oublie vite la première. La sorcière ne voulait pas dire son nom de famille, pour l’instant. Il était plutôt connu et ne voulait surtout pas se faire reconnaître sur-le-champ. Cela était plus exaltant même. Jouée à l’ordinaire humaine pour mieux approcher sa nouvelle victime. Elle devait contenir son plaisir malsain. Seul son sourire trahissait son état. Pourtant, il allait être éphémère, mais ça, elle l’ignorait pour le moment. Elle continuait de jouer le jeu, jusqu’à ce qu’il s’arrête. Beaucoup plus rapidement qu’elle ne pouvait l'imaginer. Elle ne faisait que penser à la joie qu’elle éprouverait et non aux possibilités de la personne qui pouvait se trouver en face d’elle. Même si Khalysta est si réfléchit à l’habitude, à ce moment même elle n’avait pas pensé à tout.

Jonathan la fixait. Khalysta avait elle répondu. Une humaine fouineuse probablement. Cependant, Jon’ détestait être suivi et épié de la sorte. Il n’avait aucune idée sur l’identité de la femme, restant toujours cachée dans l’ombre, hormis son nom. Jonathan ne fit, ne répondant même pas à la question. Il s’assit au bord du lac et plongea dans de diverses pensées, comme s’il n’avait pas remarqué la présence de cette femme. A quoi bon, se disait-il, une humaine comme les autres, sans intérêt. Si elle savait qui il était, elle aurait déjà fait demi-tour depuis longtemps. Cependant, elle l’ignorait. C’est à cause de cela qu’elle restait debout, immobile, à attendre une quelconque réponse. Il n’était pas disposé à lui répondre, il n’en avait pas envie. Cette simple humaine n’en valait pas la peine. Seulement, elle sortit de l’ombre et Jon’ put enfin voir son visage. Vu qu’il était à Black Valley depuis peu, ce visage ne lui disait rien. Elle marchait doucement, paisiblement, le fixant dans les yeux. Jonathan ne baissait pas les yeux, il la fixait aussi. Elle vint tourner autour de lui et Jon’ suivait chacun de ses mouvements.

Je suis Jonathan

La femme continuait à le regarder, sans mot. Jon’ céda et son regard fléchit. Les yeux de la dénommée Khalysta avait quelque chose d’intriguant et il ne put tenir face à se regard déconcertant. Il observait le lac. C’était une représentation de son caractère du moment, calme. Il ne savait pas ce que lui voulait cette jeune femme, mais il ne cherchait pas pour une fois à ennuyer, ce qui d’habitude l’enchantait. Quand il vivait encore au Canada et qu’il se promenait dans les étendues boisées de ce pays, il avait déjà fait des rencontres à maintes reprises. Chaque fois différentes, chaque fois inattendues. Il ne comptait plus le nombre de fois, devenu indénombrable, où il avait machiavéliquement joué avec un tas de ces filles. Toutes aussi idiotes les unes que les autres, elles se laissaient guider les yeux fermés par ce charmant inconnu. Jon’ avait trouvé cette occupation originale pour s’occuper les jours où toutes autres activités étaient impraticables. Toutes ces humaines ne lui résistaient pas. Il trouvait chaque fois les bons mots au bon moment et dans le bon contexte. Cette capacité s’était nettement améliorée grâce à ses brefs entrevues. Après les avoir envouté de la sorte, il en faisait ce qu’il voulait. Mais aujourd’hui, il n’avait pas envie de s’amuser. Il était venu ici afin de se reposer un peu, se couper du monde et non pour enjôler de frêles demoiselles. Ce fut pour cela qu’il n’engagea aucune conversation concrète. Il la laissait tranquillement en train de l’observer. Quelque chose d’étrange planait autour de cette fille. Jonathan ne se trompait jamais à propos de ce genre de pressentiment. Il ne lui laissa même pas le temps de dire quoi que ce soit de plus.

Qui êtes-vous exactement ?

Cette question était vaste. Jon’ s’attendait à plusieurs types de réponses. En l’observant, il s’aperçut qu’elle n’avait pas l’intention de lui répondre tout de suite. Elle continuait de l’épier. Jonathan détestait cela. Il n’aimait pas être considéré comme un élément attractif et que tous les regards soient sur lui. Il préférait la discrétion, il aimait se faufiler sans être vu ni remarqué mais il détestait que les regards soient braqués sur lui. C’était pour ça que cette situation le dérangeait. Dans quel but cette étrange femme ne décollait pas ses yeux de lui ? Que cherchait-elle en fait ? A l’impressionner ? Si la réponse à la dernière question était oui, il pouvait l’avouer, elle ne l’intimidait pas du tout. Il faut dire que dans sa vie, bien qu’encore courte, il avait été confronté a des situations bien plus angoissantes. Jonathan se leva doucement et marcha vers la sortie, laissant la jeune femme sur place. Alors qu’il allait tenter de gravir la pente qu’il avait précédemment dévalée, la jeune femme murmura quelque chose qu’il ne comprit pas. Il se retourna et la regarda hasardeusement.

L’obscurité n’était plus rien maintenant. Ses orbes avaient su capter la noirceur, pour maintenant voir plus correctement. Elle avançait vers le jeune homme qui était maintenant son jouet pour la journée. Ses talons résonnaient contre les parois de la grotte, leur son s’amplifiant. Il était tout à fait normal. Rien de particulier, peut-être juste cette attitude lasse qui agaçait la demoiselle. Sa tactique commençait mal pour le moment, mais elle saurait tourner la situation en sa faveur. Maintenant qu’elle avait fait sa présentation, si on peut dire, elle le regardait attendant une réponse de sa part. Intéressée? Pas du tout, seulement cette fausse attitude faisait partie du habituel plan. Toutefois celui-ci ne semblait nullement fonctionné. Il n’était pas comme tous ses humains qui semblaient porté instantanément un intérêt pour la sorcière. Quoi qu’elle n’avait pas encore mit sa magie rouge encore en action. Cela ne serait tarder. Si seulement, le jeune homme y mettait du sien. Peut-être le dérangeait-elle? Et alors? Aucun remord ne lui venait, Khalysta le regardait toujours, croisant maintenant les bras sous sa poitrine.

Son attention n’était portée que sur lui. Seulement ce Jonathan l’ignorait et c’était même flagrant. Khaly’ n’était pas habitué. Son sourire charmeur d’il y a quelque instant c’était alors évanouit. Elle n’allait pas parvenir à ses fins avec lui, mais la sorcière n’allait tout de même pas se laisser faire par ce misérable humain. Il ne voulait pas d’elle? La Demoiselle sera plus que présente. Elle ira jusqu’à ses côtés, restant toutefois debout. Elle observait maintenant le calme du lac. Son regard et son attention s’y engouffrant. Un léger sourire machiavélique se dessinait à son faciès. Cette rencontre imprévue promettait. L’attitude du jeune l’amusait véritablement. Ce petit air torturé, si humain… Elle se régalait. Qui êtes-vous exactement? Elle avait envie de lui répondre toutes sortes de choses mais se retient, elle s’amuserait bien avec lui plus tard. Pour le moment, Khaly’ se concentrait sur comment elle s’y prendrait pour le garder plus longtemps. Ses yeux sombres quittèrent l’étendue d’eau pour se retrouver sur lui de nouveau. C’est à ce moment qu’il décida de s’éloigner sortant de l’antre. Elle n’en revenait pas. Pour qui se prenait-il?

Et puis quoi, encore?

Elle avait laissé ces paroles glisser d’entre ses lèvres. Un simple murmure presque inaudible. Elle se faisait prendre à son propre tour. Il gagnait, se jouant bien d’elle. Aucun contrôle sur la situation, la Sorcière ne se laissera pas faire ainsi. À ce moment, elle se dirigea vers lui. Elle n’allait pas faire de manifestation de ses pouvoirs, ni rien d’autre d’irréfléchie. Il voulait savoir qui elle était, il sera servi.

Qui je suis? Je viens de le dire… Si vous préférez, Khalysta Anderson!

Elle passa devant lui. Sans lui jeter un seul regard. Khalysta n’avait pas crié, seule sa voix avait un ton sec et un air de dégoût trônait sur son visage. Habituellement ceux qu’elle approchait se laissait faire, aimant bien qu’elle leur parle. Ce n’était pas un garçon comme les autres Au début, elle n’était venu parce qu’elle avait entendu un bruit sonore qu’elle n’avait toujours pas su ce que c’était finalement. Elle s’en moquait. La Belle ne voulait que reprendre sa marche et s’éloigner de cet être insignifiant. Ou bien lui faire mal. Ce qui lui plaisait assez aussi. Imaginant quelques scènes sadiques dans sa tête. Le même petit sourire était revenu. Miss Anderson se retourna alors vers Jonathan.

C’était vous le bruit, Jonathan?

Elle avait appuyée sur son nom. Une idée se formait dans sa tête. Oh non le jeu n’était pas terminé. Elle n’avait pas encore gagné.

Jonathan ne détournait pas ses yeux. La jeune femme s’avança et lui dit qu’elle s’appelait Khalysta Anderson. Même s’il n’était à Black Valley que depuis peu, il n’avait pas pu passer à côté de cette famille, les fameux Anderson. Même avant d’être arrivé ici, encore dans l’avion, quelque part dans les airs entre Vancouver et Black Valley, il avait déjà lu ce nom, dans une lettre de ses parents. C’était d’après eux une vieille famille dont il fallait se méfier. En fait, Jon’ n’était pas étonné ; la première fois qu’il avait vu cette femme, il avait tout de suite su qu’elle n’était pas une de ces humaines, aussi insouciantes qu’imprudentes, qu’on pouvait croiser à presque chaque coin de rue. Khalysta était différente, dans quel sens ? Jon’ l’ignorait mais, toutefois elle était différente. Il la fixa passer devant lui, sans un regard et un visage sans expression. Alors qu’il croyait qu’elle allait le laisser là, partir sans rien dire, elle eut comme une hésitation, bien que brève et indécise. Elle se retourna et le regarda. Jonathan voyait dans ses yeux comme une vague d’espérance et d’espoir. Mais à quoi jouait-elle donc ? Qu’espérait-elle de lui ? C’était la première fois qu’il doutait de lui. Souvent, ces filles normales abandonnaient ou entraient totalement dans son jeu, mais celle là était chancelante, comme incertaine de ce qu’il allait advenir. En un bref instant, il avait vu cette flamme de motivation nourrir ses deux pupilles d’une chaleur imprudente. Un léger sourire se dessina vaguement sur ses lèvres. Puis, contre toute appréhension, elle lui demanda simplement si le bruit provenait de lui. Elle avait insisté sur la consonance de son prénom, Jonathan. Si elle savait au moins son nom entier, si elle savait qu’il était un Bass, elle aurait probablement été moins confiante. Son deuxième prénom, Peter, lui venait d’un grand oncle. A sa naissance, sa mère avait absolument voulu que ce prénom figure dans celui de son fils. C’était donc pour cela qu’il s’appelait Jonathan Peter Bass. Se rendant compte qu’il divaguait dans des pensées éloignées du sujet présent, il se ressaisit et reprit conscience de ce qu’il se passait. La charmante demoiselle lui avait demandé s’il était l’auteur d’un bruit. Quel bruit ?

Euh … Non.

Il ignorait de quel bruit elle parlait. Peut être avait-elle simplement dis cela pour comblé le vide avant de s’en aller ? D’un autre côté, c’était bien envisageable qu’il y avait eu un bruit, quels qu’en soit l’auteur et la cause. Une autre pensée vint alors à Jonathan, avait-il quelqu’un d’autre qu’eux dans ce lieu malsain ? Il refusa toute idée parasite à ce sujet. Il ne décrochait pas le regard de la jeune femme, combattant avec vigueur ce duel infernal. Cela se résumait à qui allait donc lâcher le premier, qui allait donc baisser les yeux, par soumission ou par un autre sentiment d’infériorité, avant l’autre, qui allait enfin trouver quelque chose à dire de plus intéressant que ces piètres paroles ? Cependant, aucun des deux ne daignait cesser. Jonathan commençait à avoir un sentiment de gêne. Il n’aimait pas fixer une personne de la sorte, néanmoins il savait que s’il arrêtait, un sentiment de victoire, bien qu’improbable et peu cohérente, allait se sentir chez son adversaire. C’était pour cela qu’il tenait. Les secondes qui étaient en train de s’écouler, continuant le fil incessant du temps, semblait être interminable et douloureuse. Chaque seconde supplémentaire amenait une charge additionnelle. Jon’ allait craquer. Mais, alors qu’il commençait à ciller dangereusement, il repensa à son but ultime, venger les siens, la famille des Bass. Comment allait-il pouvoir rivaliser contre ces nouveaux et encore inconnus rivaux s’il n’était même pas capable de résister à une simple et inoffensive jeune femme ? Et ce sentiment d’honneur et d’estime personnelle prirent le dessus. Il se rendit compte qu’il menait deux combats : celui contre cette demoiselle et celui contre lui-même.
Quel soulagement, bien que bref, ce qu’il ignorait encore, quand Khalysta se retourna, comme pour partir. Fut-ce par une malencontreuse mégarde que Jonathan Peter Bass crut qu’il en avait fini avec elle et qu’il allait sagement rentré au village ?

L’ignorance elle ne connaissait pas. Habituellement, on la remarquait et elle faisait tout pour garder cette précieuse attention qu’elle aimait tant. Cette fois-ci malgré ses efforts considérables, elle n’avait obtenu qu’un simple regard, un éloignement et un désintéressement accablant. Plus d’une fois, la sorcière avait pensé à le laisser seul et qu’il ne méritait pas sa présence, mais cette attitude la mettait dans une colère noire. Alors qu’il s’apprêtait à sortir de cette grotte, laissant Khalysta seule dans cet endroit lugubre, celle-ci aurait bien fait de même. C’était son intention principale, jusqu’à ce que son esprit machiavélique se remette en marche. Elle ignorait encore ce qu’elle pouvait bien lui faire, mais elle réfléchissait à cela. Ses pensées défilant à une vitesse vertigineuse. Il n’était plus question de simple manipulation, c’était trop facile. Elle n’avait qu’à lui faire un sort de séduction et le tour était joué. Non, Miss Anderson pressentait qu’avec cet homme elle ne pouvait pas faire dans la facilité. Ce Jonathan était trop différent des hommes qu’elle avait croisés. La possibilité qu’il ne soit pas qu’un simple humain effleura son esprit. Est-ce que cela se pouvait? C’était à prendre en considération. Un vampire? Peut-être, quoi qu’il ne semblait pas détenir les caractéristiques physiques de ces êtres sanguinaires… Que pouvait-il être sinon? On retrouvait de tout à Black Valley, les possibilités étaient nombreuses.

Khaly’ était maintenant devant lui, un air de défi trônait sur son visage. Après sa réplique fracassante, elle avait laissé tomber sa question tout doucement, prononçant toutefois, clairement le prénom de son interlocuteur. Elle pouvait paraître étrange, mais cela ne lui faisait rien. Il devait avoir déjà sa propre opinion sur la Belle. Même sûrement négative. Mais elle avait la même chose pour lui. Un petit jeu s’était installé de lui-même entre les deux jeunes gens. Leur regard s’était accroché à celui de l’autre. C’était tout de même enfantin. Khalysta préféra y mettre un terme, cela faisait partie de sa future tactique. Elle ne devait pas montrer la force qu’elle pouvait avoir. Pourtant son sourire ne s’était pas effacé et son orgueil était loin d’être touché. Alors qu’elle se mettait dos à lui, seule sa tête était de profil.

Ah bon… J’aurais pourtant cru, puisqu’il venait de la grotte et que vous y étiez. Cela devait être un bête, il en a tant dans ces bois, certaines plus dangereuses que d’autres, bref. Au revoir, Jonathan… Au fait, vous ne m’avez toujours pas dit votre nom complet?

Les paroles semblaient aller d’elles-mêmes. Son ton se voulait amicale, comme si cette rencontre avait été plus que normale, cependant elle ne l’était pas. Elle avait fait ses salutations, mais ne quittait toujours pas. Ce n’était pas son intention. Elle voulait absolument connaître son nom. Savoir qui elle avait devant elle, précisément. La Sorcière se devait de relancer ainsi la conversation. Le temps semblait ralentir en ces bois. Le temps entre sa réplique et la réponse du jeune homme s’éternisait. Elle aurait sûrement fait pareil, en un cas comme celui-ci. Mais cette fois-ci, elle détenait les reines de cette conversation, enfin, c’est que Khalysta pensait. Oubliait-elle qu’à chaque fois, il semblait la surprendre? Elle se concentrait beaucoup trop sur le fait qu’elle allait lui faire mal, que Miss Anderson en omettait l’attitude qu’il avait eu depuis le début. Elle n’était rien pour lui, pourquoi se préoccuperait-il tant d’elle? Mais cela Khalysta n’y réfléchissait pas, pour le moment. Chacun de ses gestes étaient calculés, mais la Demoiselle oubliait de penser à ceux de Jonathan. Elle restait ainsi toujours dans cette position, cet air mesquin sur son visage d’ange.

La question que Jon’ attendait. Son nom complet. Devait-il lui dire qu’il faisait partie des Bass et que si elle ne s’échappait pas rapidement, elle passerait de mauvais moments ? Ou alors devait-il se taire ? Cette question montrait que cette Anderson venait de comprendre qu’elle avait en face d’elle quelqu’un d’inhabituel, d’étrange, de différent. Elle venait seulement de saisir qu’elle devait faire absolument attention à ce qu’elle disait. Si elle faisait un faux bond, elle risquait gros. Elle avait pris conscience que chaque parole pouvait la faire déraper sur une voie incertaine. Il s’avança doucement vers elle afin de voir son visage clairement et l’expression qu’elle aura quand elle apprendra qu’il est issu de la plus puissante famille de Black Valley. Il s’approcha davantage jusqu’à ce que sa bouche puisse souffler dans son oreille gauche.

Elle le regardait perplexe. Elle ne devait peut-être pas s’attendre à cela … Quoi qu’il en soit, elle le regardait sans rien dire. Il se recula de son visage et s’assit sur un bloc de pierre, attendant une éventuelle réplique. Seulement, elle n’arriva pas.

Il demanda cela sans réfléchir. Elle ignorait peut-être qui étaient réellement les Bass, hormis cette fameuse famille ancestrale. Elle ignorait peut-être leur vraie nature …
Elle avait probablement décidé de ne plus lui répondre. Cela importait peu, Jonathan avait une patience merveilleuse. Il se leva et commença à tourner en rond autour d’elle, ce qui apparemment l’énervait. Ce fut pour cela que le Bass continua. Il reprenait goût à cette rencontre, il avait de plus en plus envie de s’amuser. Il aimait voir les personnes, qu’il avait minutieusement choisi, lui lancer un regard terrible, illustrant la méprise et la colère qu’elles portaient. Il adorait cela. En principe, il commençait ce petit jeu dès le début, mais cette fille lui avait apparu différemment et il s’était forcé à avoir l’air le plus naturel possible. Seulement, Jon’ ne put voiler cette facette de lui plus longtemps.

On aurait pu croire qu’elle s’était voué à ne rien dire, ayant vendu son âme au silence lui-même. Jonathan affichait un léger mais odieux sourire sur ses lèvres. Il touchait au but. Tout concordait. L’échiquier se mettait en place.
Durant toutes ces années passées à jouer à ce jeu, Jon’ avait pris goût à la provocation. Il en avait fait tout un art. Il tissait à longueur de temps une toile qui allait se refermer sur l’infortunée désignée. Khalysta n’était pas idiote, il le savait, cependant allait-elle réagir à temps ? Il espérait que non. Il avait toujours un goût amer dans la bouche quand il laissait s’échapper de la sorte sa victime. Il détestait même. C’était à cause de cela qu’il mettait un soin méticuleux à chaque fois, dans le but de ne pas échouer. Et il avait la conviction qu’il ne faillira pas. Il n’avait raté qu’une seule et unique fois, il y a bien longtemps. Il ne se rappelait pas exactement des circonstances mais il aimait autant les oublier.
Le jeune homme s’avança encore plus près de l’Anderson. Il tournait toujours autour d’elle, toujours avec cet infâme sourire, refermant le cercle de plus en plus. La jeune femme ne laissait pas apparaître ses sentiments, ce qui troubla légèrement Jon’, ne sachant si elle le craignait ou si elle s’en foutait. Toutefois, il n’y accorda pas une grande importance. Il allait arriver à ces fins, il en avait la certitude. Jonathan s’arrêta d’un seul coup net, face à elle. Il croisa ses yeux et put lire à l’intérieur une colère qu’il appréciait. Puis, il se remit en marche. Il flânait, pas par pas. Il s’approchait de plus en plus. Il se stoppa quand seulement une trentaine de centimètre les séparait. Le temps s’arrêta brusquement, comme si tout le monde entier était stoppé afin d’observer ce moment. Jon’ approcha sa tête de la sienne …

Une douce petite neige avait repris. Seulement de fins flocons qui tombaient tranquillement, finissant leur chute sur le sol déjà couvert. Même la température semblait légèrement devenir plus froide. Ou bien était-ce cette nouvelle situation qui ajoutait ce froid? Le vent avait tourné, la Belle ne contrôlait plus rien, au contraire de ce qu’elle pensait. Alors qu’elle était de dos et qu’elle venait de dire sa réplique, la Belle croyait que tout irait comme elle le voudrait. Erreur. Elle aurait dû se fier au pressentiment qu’elle avait eu, car il était bon. La situation glissait entre ses fins doigts. Son sourire c’était alors figé, au moment où le jeune homme s’était approché d’elle. Ce même moment, où tout se retournait. Le souffle qu’elle eût à l’oreille la fit frissonner. Rien ne paraissait, mais en à l’intérieur d’elle s’était tout à fait présent. La Sorcière ignorait ce qui l’a mettait tant en colère. Le fait qu’elle se soit si maladroitement trompé sur son compte, ou bien le fait qu’il prenait de l’avance dans la partie. Un Bass… Les anciens de la ville, ceux qui l’avaient construite pour ensuite disparaître. Tout le monde connaît, certes. Si une moue de dégoût traversa son faciès, Miss Anderson reprit vite un visage stoïque. Il pouvait être qui que se soit, son attitude irritait la Brunette. Cette rencontre devenait plus qu’intéressante. Elle était surprenante et machiavélique. Cela ne déplaisait pas à la jeune femme, elle aimait jouer, seul son adversaire qu’elle n’aimait pas.

Les petits tours de Bellâtre l’énervaient toutefois. Khaly’ gardait sa tête bien droite devant elle, cependant. Elle n’allait pas se laisser faire parce que c’était un Bass. Son petit «Étonnée?» ne l’impressionnait pas du tout. Elle trouvait plutôt drôle sa nouvelle attitude. Il cachait bien son jeu avant. Néanmoins, elle gardait ce visage sans émotion digne d’une statue. Il est vrai que ses yeux pouvaient parler à quelques moments, mais elle était devenue maître pour cacher toutes émotions. Plusieurs occasions l’avait conduite à être ainsi. Particulièrement, la mort prématurée de ses parents, l’annonce qu’elle n’était pas une vraie Anderson, même cette dernière rencontre avec une Hopkins. La Demoiselle se surprenait à penser à cela. Elle en oubliait presque Jonathan qui tournait autour d’elle. Khalysta ressortit de ses songes au moment même ou le jeune homme arrêta son petit jeu devant elle. Son premier sourire sinistre lui faisait penser au sien. C’était du déjà vu son truc. Elle baissa légèrement la tête vers le bas. Elle voyait toujours le Bass devant elle, mais avait un point de vue sur le sol aussi. Il s’approchait tout doucement d’elle. Le visage restait le même à l’extérieur, mais intérieurement, elle ne comprenait pas réellement ce qu’il faisait. Le jeu allait plus vite que prévu, elle devait s’adapter à sa façon de jouer. Le temps ralentis doucement. Tout autour la vie continuait, mais dans cette partie de la forêt, tout semblait vouloir s’arrêter. Les flocons qui doucement tombaient sur eux ralentir leur cadences. Vraiment? Non seulement la situation faisait ça.

La distance sécuritaire qu’il devait avoir entre eux s’était rétrécie. Il allait franchir la limite. Limite qu’il ne fallait pas dépasser, car Khalysta le ferait savoir. Il ne le savait pas, mais tout le corps de la Belle le démontrait. Sa position n’était pas naturelle. Si son visage ressemblait à celui d’une statue, son corps avait fait de même. Jonathan continuait toutefois son chemin. La Sorcière pouvait sentir son souffle chaud l’atteindre. C’est à ce moment qu’elle décida de relever la tête. Ils étaient si près l’un de l’autre que c’en était absurde. En relevant la tête, Miss Anderson affichait son sourire sadique, celui du départ. Le même que le Bass. Elle se rappelait alors de la dernière réplique du Bellâtre.

Ce que j’en pense? Tu ne devrais pas t’approcher davantage… Mais ce n’est qu’un conseil… Que tu devrais suivre.

Ce n’était qu’un simple murmure, presque inaudible, destiné que pour lui. Si quelqu’un s’était trouvé en ces lieux, il ne l’aurait pas entendue. Elle s’amusait de la situation. Allait-il l’écouter? La Demoiselle en doutait. Mais il l’avait toujours surprit depuis le début. Le sourire n’avait pas quitté son faciès d’ange et il ne le ferait pas de si tôt.

C’était la meilleure ! A croire qu’elle se foutait de lui ! Lui donner un conseil ? A lui, Jonathan Peter Bass ? Il n’en avait aucunement besoin. Il savait exactement ce qu’il avait à faire. Et de ce fait, il ne tint pas compte de la remarque de la jeune femme effrontée. Comment osait-elle ?
Jonathan marqua une pause, observant et analysant la situation. Alors qu’il était parti en promenade dans la forêt, ce jour neigeux, et qu’il avait découvert une mystérieuse grotte, une femme, dénommée Khalysta Anderson, était étrangement arrivée dans cette même grotte. Jon’ l’avait tout de suite compris, ce n’était pas une femme ordinaire, comme celles qu’il avait tant de fois rencontré. Non, elle était bien différente. Depuis le début, et Jon’ en était sûr, elle manigançait quelque chose. Quoi exactement ? Il n’était pas en la capacité de le dire, cependant, il était certain qu’elle essayait de faire quelque chose. Mais, le jeune homme avait rapidement remarqué que son plan, quel qu’il soit ne fonctionnait pas avec lui. A cette pensée, il eut un petit sourire. A cause de ce probable et futur échec de la jeune femme, Jonathan s’était mis à commencer son jeu. En premier lieu, il avait décidé que cela ne conviendrait pas avec cette fille, mais plus leur conversation – oh combien ravissante, il l’avouait – avançait, plus il avait envie de s’amuser. De plus, elle se prêtait inconsciemment à son divertissement. Et, maintenant que ces idées étaient un peu plus claire, Jon’ eut la fabuleuse idée de faire le contraire de ce qu’elle exigeait. Elle trouvait que le Bass s’approchait trop près d’elle ? Alors, il allait continuer à approcher… Et c’était sur cette idée, qui lui fit un sourire défiant, qu’il se remit à marcher autour d’elle.
Il jeta un furtif regard autour de lui. L’idée que quelqu’un l’épiait peut-être le mettait mal à l’aise. Il n’avait aucune envie que tout Black Valley soit au courant de cette rencontre assez inattendue à tout point de vue. Cela faisait depuis peu que Jonathan était ici, mais dès qu’il avait mis un pied dans cette ville, il avait eu la certitude qu’elle avait quelque chose d’étrange. Tout comme ses habitants. Il en avait la preuve irréfutable maintenant. Mais, combien d’autres personnages aussi énigmatiques que cette Anderson séjournaient à Black Valley ? Peu importait pour l’instant.
Jon’ commençait à s’ennuyer farouchement. La demoiselle ne montrait aucune volonté hormis son éternel petit sourire agaçant. Elle ne laissait paraître aucune joie, ne fusse qu’un bref instant, comme aucune colère. Elle n’avait aucune envie ni aucune satiété. Elle n’éprouvait à vrai dire aucun sentiment. Du moins, c’est ce qu’elle dévoilait. Et l’ennui était quelque chose que Jonathan détestait. Si au moins elle mettait du sien, si au moins elle coopérait qu’un petit peu, si au moins ils s’amusaient tous deux… Avec le mot si, on peut faire tout ce qu’on ne peut pas faire.
Une ou deux ou peut-être même trois minutes – Jon’ ne savait avec exactitude – passèrent sans mot, sans bruit. Était-ce un signe ? Est-ce que cela prouvait que la conversation devait s’arrêter là, maintenant, avant qu’elle dégénère ? Le jeune homme ne savait pas, mais il avait toujours cette envie de s’amuser. C’était un de ses grands traits de caractère, l’amusement, la distraction, le divertissement, la rigolade. La vie est faite pour être vécue, n’est-ce pas ? Jonathan connaissait la réponse. Même si cela devenait accablant, monotone et fastidieux au possible, le garçon n’en avait pas fini. Oh non … Un joli sourire se dessina sur ses lèvres. Une inespérée lueur de finalité regagna ses yeux. Il avait de nouveau un but : s’amuser. En fait, il ne l’avait jamais quitté, il était resté caché, dissimulé en retrait, pendant quelques instants.

Ah bon ?! N’apprécies-tu donc pas ma présence?

Jon’ savait que cette question était inutile, mais fallait bien combler le vide. Une idée lui vint. Il voyait une fin différente maintenant. C’était la bonne solution. Il n’avait plus qu’à conduire l’embarcation, en dirigeant la conversation. Elle n’y verra que du feu, c’était certain. Cela beau être une Anderson – tout le monde sait que ce n’est pas une famille des plus moindres – mais toutefois cela restait une femme. Et tout être doté d’un grain d’intelligence savait qu’aucune femme ne pouvait résister à Jonathan Peter Bass …

Ses paroles dites, maintenant il en faisait ce qu’il voulait. À voir comment il avait repris son petit jeu, tournant autour d’elle, il n’avait pas écouté. La patience à des limites, sauf que Khalysta, les siennes, étaient vites atteintes. Pour le moment, elle pouvait encore ce contenir, mais ne savait pas encore pendant combien de temps. C’était tout de même amusant à voir. Lui tournant et elle regardant droit devant avec le même petit sourire. Une chance qu’il n’avait personne d’autre, cette scène restant à jamais entre eux. Il n’avait rien d’autre. Qu’un parfait silence entre eux, couper par le sifflement du vent, ou bien un quelconque bruit causé par les animaux de l’espace vert. La Belle croisa les bras sous sa poitrine, l’air était toujours aussi frais et être immobile n’aidait pas. Cela commençait à la fatiguée un peu. Bon il tournait, elle ne faisait rien. L’ignorance est parfois pire que la vengeance, mais pour Khalysta la vengeance était plus qu’excitante. Les paroles du jeune Bass atteignirent la Brunette, coupant ainsi le silence lourd. Un simple rictus émana d’entre ses lippes.

Apprécier? Il aurait fallu qu’elle soit voulue, ce qui n’est pas le cas.

Elle profita du fait que Jonathan soit derrière elle, pour pouvoir s’éloigné des tours qu’il faisait. La sorcière se dirigea vers le rocher où le jeune homme s’était assied quelques minutes plus tôt. Même petit air au visage, elle replia une jambe sur l’autre, gardant aussi ses bras croisé.

Non je dirais, qu’elle est plus comme… Un simple divertissement dans un moment de solitude.

Un peu de franchise ne fait pas mal. Non? En tout cas, pour la Belle s’était un délice. Elle aimait bien parler comme ça. Elle faignant même de chercher ses mots. Il ne manquait plus qu’à regarder la réaction du Bellâtre Bass. Comme si elle pouvait apprécier sa présence. Et puis quoi? Il avait voulu la provoquer, rien de plus. Provocation, pour provocation. Sur son petit rocher, la Belle s’amusait. Replaçant ses cheveux en l’occasion, enlevant la neige qui s’y accumulait. Replaçant aussi ses vêtements, regardant ses ongles, bref, une ignorance totale. Il était le premier à jouer avec elle et cela lui plaisait bien. Autant que la situation l’amusait, autant que chacune des réactions de jeune homme l’énervait. Un paradoxe sans explication. En temps normal, elle serait déjà partie laissant Jonathan tout seul. Mais sa récente attitude amenait une nouveauté à ce jeu qu’elle pratiquait si souvent. Cela rendait le gage plus tentant. Si la Demoiselle parvenait à ses fins, elle pouvait manipuler qui qu’elle voudrait par la suite. Elle n’avait pas fini avec lui et tant qu’elle ne gagnerait pas, elle ne le laisserait pas tranquille. Certes, si elle ne gagnait pas aujourd’hui, ce qu’elle n’espérait pas, Miss Anderson trouverait le moyen de se venger et sûrement de façon plus sadique encore. Car il fallait l’avouer, pour le moment ce n’était pas grand-chose, elle n’avait pas été au plus haut de sa force. Aucun pouvoir n’avait été utilisé, mais pour le moment, elle préférait les mettre de côté. Elle les utiliserait en temps et lieu.

La Belle continuait à feindre l’ignorance, elle observait subtilement chaque gestes qu’il pouvait faire. Pour finalement plonger ses orbes marron dans le regard de Jonathan. Le sourire qu’elle portait au visage n’était pas disparu. Certes, il était légèrement forcé, mais totalement présent.

Alors comme ca cela ne lui plaisait pas plus que ca ? Juste un simple divertissement, avait-elle dit. Sans s’en rendre compte, la jeune femme s’enfonçait. Pourtant, elle ne s’en rendait apparemment pas compte. Elle gardait un sourire, assez mignon il fallait l’avouer. Elle partit s’asseoir sur un rocher et commença à se recoiffer, ignorant totalement la présence de Jonathan. Et ce dernier n’aimait pas cela : il voulait s’amuser. Et il n’allait pas gâcher son plaisir à cause d’elle.

Un simple divertissement, dis-tu ?

Jonathan parlait de plus en plus d’une façon provocante. Il essayait de l’énerver. Et Jon’ était sûr qu’il allait réussir. Il fallait absolument qu’elle lui montre sa vraie nature. Et si tel est le cas peut être que Jon’ le fera également…

Alors, je vais rendre cette conversation plus palpitante…

Jon’ s’éloigna d’elle de quelques mètres et s’assit sur le sol froid et enneigé. Elle le fixait d’un air étonné, elle était probablement en train de se demander ce que qu’il foutait. Une fois installé, le jeune homme lança un bref regard au-dessus de lui puis ses yeux vinrent s’immobiliser devant ceux de la demoiselle. Il ne bougeait plus. Il voyait dans les yeux de l’Anderson une rage douteuse. Elle ne savait pas exactement quoi faire, ni quoi dire, ni quoi même penser. Jonathan est un personnage mystérieux et qui mettait mal à l’aise. Et il en était conscient, ce qui lui permettait de s’appuyer sur cette qualité – ou plutôt atout –. Et il comptait bien l’utiliser maintenant.
Jonathan entra comme dans une transe indéfinissable. Il ne bougeait plus, on eut l’impression qu’il ne respirait même plus. Des perles de sueurs humidifiaient son front. Khalysta resta impassible devant cela, du moins elle s’y efforçait. Cela dura ainsi pendant une dizaine de minutes. Finalement, Jon’ se releva et s’approcha de la demoiselle, sans décrocher l’union de leur regard. Plus il avançait, plus il percevait de la colère mélangée à de l’amusement dans les yeux de l’Anderson. Son but était que la colère prenne le dessus sur l’amusement. Et il ne voulait plus tarder.

Alors, veux-tu jouer ?

Jonathan utilisa consciemment le terme « jouer » pour définir ses projets. Il voulait laisser la femme dans l’incertitude et le doute. Car le mot pouvait désigner bien des choses. Le Bass n’attendit pas la réponse pour se retourner et s’asseoir sur un autre rocher, un peu plus loin. Même si cela devenait intéressant, il n’avait guère envie d’attendre plus longtemps. Tout compte fait, cette fille était assez coriace, elle résistait. Malheureusement pour elle, ça ne servirait à rien ; elle allait bien finir par craquer.
Le vent se leva d’un coup. Il était violent et agressif. Il faisait soulevé les dernière feuilles mortes ayant échappées au début de l’hiver dans des tourbillons. Ses rafales claquaient contre les parois de la grotte en un vacarme abominable. Il commença à neiger de nouveau. Peu à peu, le sol se recouvrait d’une couche supplémentaire. Des flocons tombaient, menés par le rythme du vent, et venait se poser sur les cheveux de l’Anderson. Celle-ci restait placide, ce qui énervait légèrement Jonathan. Était-elle finalement trop forte pour lui ? Devait-il abandonner ? Il ne dut pas chercher loin la réponse ; jamais ! Il commençait à se perdre dans ses réflexions qui s’embrumaient. Vu qu’elle n’avait toujours pas répondu à son invitation, il tenta de nouveau.

Ne sois pas timide, je n’ai encore mordu personne !

Sa phrase s’étouffa. Par habitude, il détestait mentir mais toutefois, une fois de temps en temps ne lui fera pas de tord. Si elle le savait, elle ne serait probablement plus là. Jonathan avait remarqué cela : à Black Valley, tout le monde ignorait la nature des Bass. Même cette demoiselle, intrépide et sûrement pas idiote, n’avait pas encore compris à qui elle avait affaire.
Jon’ se leva doucement et s’approcha afin d’entendre le murmure de Khalysta. Avec le bruit incessant du vent, il était nécessaire d’avoir une certaine proximité pour la compréhension. Il l’incita à répéter ce qu’elle avait précédemment dit, tout en jetant un court regard vers sa gauche, un élément ayant attiré son attention …

La pierre sous elle était glacée, lui causant quelques frissons supplémentaires. Le vent augmentait plus le temps avançait. Leur respiration mutuelle occasionnait une légère buée. Si cette rencontre ne devenait pas plus intéressante que cela, la Belle quitterait pour un endroit plus chaud. Elle n’avait pas prévu de rester si longtemps à l’extérieur, ses vêtements le démontrant bien; un simple manteau, pas de foulard, ni de gants. Seuls ses bras croisé lui procuraient un peu plus de chaleur, cachant ses mains gelées. Au départ ses intentions, en sortant de chez elle, était sa visite quotidienne sur la tombe de ses parents. Bien sûr, après elle avait eu une soudaine envie de liberté. De ce fait, marcher. Elle ne s’attendait pas à rencontrer l’homme qu’il y a quelques instants tournait autour d’elle dans le but de la provoquer. Elle ignorait en venant dans ces lieux, que son envie de liberté se transformerait en un goût pour la manipulation. Khalysta ne savait pas non plus qu’elle trouverait tout de même, un certain plaisir à rester au froid dans le but de s’amuser. Rien n’avait prédit cela et pourtant c’est ce qui était arrivé. Elle venait de s’asseoir sur ce rocher froid et le regardait lui. Il ne devait pas s’y attendre lui non plus. Jonathan ne semblait pas apprécier la réponse que lui avait procurée Miss Anderson. Cela était bien son attention. Cependant, le jeune répondit d’une façon toute aussi provocante. Venait-il de dire qu’il allait rendre cette conversation plus intéressante? C’est ce qui semblait. La Belle se hâtait de savoir comment il allait faire. Elle fixait, suivant chacun de ses gestes.

Elle fut surprise de voir qu’il s’assied à même le sol. Mister Bass se contenta de ne rien ajouter. C’est ce qui devait être « plus intéressant »? Elle était bien déçue la Demoiselle. Il ne disait rien et la fixait. Elle espérait que ce ne soit pas le retour du « jeu » du regard. Elle n’avait pas participé la dernière fois et ne le ferait pas plus à ce moment. Cela dura trop longtemps. Ce mutisme l’énervait. Ce regard absent l’agaçait. La haine qu’elle lui portait augmenta une fois de plus. Ce petit côté supérieur qu’il se donnait… Bref, elle ne s’attendait à quelque chose de plus… Intéressant. Pourtant, sur le visage de Khaly’ se trouait ce sourire indétrônable aux apparences machiavéliques. Le Bass n’allait pas l’emporter. Miss Anderson ne le permettrait jamais. Elle tiendrait encore bien l’autant s’il le fallait. Son orgueil la guidait, la faisait agir de cette façon. Autant qu’elle aimerait être dans un endroit chaud, sa volonté de rester était beaucoup plus forte.

Une simple petite question… Ce n’était qu’une question de quatre mots, toutefois elle amenait un changement à toute cette situation. Voulait-elle jouer? Mais elle le faisait déjà. Toutefois, que signifiait jouer pour lui? Il fallait toute de même y réfléchir. Khalysta ne pouvait pas répondre ce qu’elle voulait à cette question. Si elle répondait oui, qu’est-ce que cela impliquait? Nonobstant, une envie déchirante la tentait de répondre par la positive. Par conter, son côté réfléchit lui dictait de se taire. Leur regard ne se détachait pas. Ses yeux le suivaient pendant qu’il allait vers le rocher. Le vent avait repris de l’ampleur. Le visage de la sorcière restait le même, mais à l’intérieur une torture mentale s’y faisait. La dernière phrase laissée par Jonathan, piqua sa curiosité. Seule provocation à laquelle, elle allait répondre. Comme si elle pouvait être timide. Il ne la connaissait pas du tout en fait.

Mais je ne demande que cela!

Cela pouvait impliquer tant de choses. Khaly’ répondait de la même façon qu’il la questionnait, de façon vague. Une vague d'idée remplissait sa tête. Chacune d'elle étant plus diabolique que la précédente. Ohj oui, elle voulait jouer. Elle se hâtait de commencer. Elle dut cependant répéter ce qu’elle avait dit, tentant tout de même de ne pas montrer son exaspération, qu’elle réussit à cacher. Ils étaient maintenant plus près. Miss Anderson aperçut que le jeune Bass regarda vers sa gauche. Une envie de regarder, elle aussi, monta en elle. Toutefois, elle ne fit rien. Cela pouvait être une façon de détourner son attention. Elle ne pouvait se permettre qu'il prenne de l'avance sur elle. Le contact visuel c’était défait pour un court temps, mais reprit aussitôt. Il fallait qu’elle soit sur ses gardes avec lui.

Montres-moi ce que tu sais faire...

Tout aussi provoquante, elle tentait de ravoir son attention complère. Son sourire s'agrandit, prenait des airs d'ange, penchant la tête légèrement sur le côté. Elle attendait seulement que la partie commence.

Jonathan eut l’envie de crier : « enfin ! » Un peu de coopération n’était que trop demander, cependant, la jeune femme se prêtait au jeu. Elle aussi voulait s’amuser, mais ce terme était bien vaste. Quel divertissement entend-elle par s’amuser ? Jon’ ne le savait. Toutefois, il connaissait très bien la valeur que lui portait à ce jeu et il avait l’intention qu’il s’amuse, quoi qu’en pense cette Anderson. Il repensa à cette grande famille de Black Valley. Jusqu’ici, Jonathan n’avait eu l’occasion d’en rencontrer un et beaucoup de rumeurs caractérisaient cette famille de diabolique. Depuis son arrivée, le Bass n’avait pas encore aperçu un des personnages énigmatiques de la ville. Il avait entendu parler aussi d’une autre famille puissante, les Hopkins. Et une nouvelle fois, des bruits incessants couraient la ville, annonçant que ces deux familles se querellaient, car chacune des deux avaient découvert le secret de l’autre. Jonathan repensait à tout cela. Si les Anderson avaient un secret, lequel cela pourrait bien être ? Il eut un pressentiment que cette Khalysta allait l’informer sur ce sujet…
La jeune femme lui reprit avec une phrase qui laissa Jon’ perplexe : « Montre-moi ce que tu sais faire… ». Elle ignorait sûrement sa vraie nature, mais elle commençait probablement à douter. Elle avait dû remarquer que Jonathan n’était pas plus humain qu’elle. Le jeune homme avait fortement envie de lui montrer tout, de lui faire entrevoir l’immensité de sa famille, de lui faire comprendre l’infériorité des Anderson cependant, quelque chose le bloquait, comme si cette idée était moins ingénieuse qu’elle en avait l’air. Ne sachant donc s’il fallait mieux lui faire une démonstration ou se terrer comme un lapin, il lâcha simplement.

Je te laisse l’immense honneur de débuter.

Jonathan était persuadé que la jeune femme le sous-estimait. Il en était même certain, de la façon qu’elle le regardait, du sourire permanent sur ses lèvres, de ce regard moqueur et provocateur. Elle ne se doutait pas du tout que le Bass la surclassait aisément. Ce fut cela sa première erreur. La deuxième était qu’elle se croyait invulnérable. Elle n’imaginait même pas être battue par le Bass, cela se voyait clairement.
Jon’ se leva de son rocher et recommença à marcher en rond. Cette fois-ci, il ne pouvait plus tourner autour d’elle, mais cela ne l’empêchait pas de faire des cercles dans la neige, autour d’un arbrisseau. Il ne la quittait pas du regard, étant sur ses gardes car à chaque instant elle pourrait commencer. Seulement, elle restait impassible, le regard vide et flâne, comme si d’un coup elle était devenue sourde et ignorante à tout propos. Encore une fois, elle amoindrissait les capacités de Jonathan. Elle avait tord.
Il se remit à neiger. C’était une étrange journée, il neigeait dix minutes puis se faisait un calme soudaine et une dizaine de minutes après, il reneigeait. Le cercle qu’avait joliment tracé Jon’ s’effaça rapidement, recouvert d’un voile blanc. Il aimait la neige, cela le relaxait. Regarder les flocons tomber, menés par la danse imposée par les rafales brusques et violentes, et s’étaler sur le sol en un rythme céleste, égarait Jonathan. Il fut coupé du monde, durant l’espace de quelques secondes, séduit par cette charmante chute de neige. Ce fut Khalysta qui le sortit de ces contemplations par un toussotement. Elle devait avoir froid. Ni elle ni Jon’ n’était véritablement habillé pour rester dans le froid de l’hiver longtemps. Voyant qu’elle ne s’était pas vouée à commencer à jouer, Jonathan devenait impatient.

Qu’attends-tu pour commencer ? Je n’aime pas particulièrement rester inerte comme cela, démuni. Divertis-moi !

Jon’ détourna sa tête. Il avait de nouveau entendu le même bruit que tout à l’heure. Il se sentait épier, ce qu’il blâmait totalement. Personne ne devait être au courant de sa nature, hormis cette jeune femme évidemment. Seulement, une fois rentrée à Black Valley, allait-elle se taire à jamais à propos des Bass ? Ou plutôt allait-elle crier sur tous les toits ? Jon’ ne le savait pas. De toute façon, un jour ou l’autre, la petite ville sera avertie par cette vengeance des Bass. Et peut-être même plus tôt que prévu …

Tout débutait enfin. Son activité préférée allait enfin commencer. Elle s’était retenue depuis le début, toutefois, c’est le jeune homme qui lui demandait de commencer à jouer. Elle ne pouvait quand même pas refuser. Enfin, oui elle aurait pu le faire, mais Khalysta n’avait aucune envie de répondre négativement. On lui offrait la possibilité de se divertir sur un plateau d’argent. La sorcière acceptait avec joie. Alors qu’elle avait ses dernières paroles provocantes, elle s’était levée. Ne le quittant cependant pas du regard. Elle ne s’approchait pas de Jonathan, restant sur place. Elle replaça ses vêtements, ses cheveux, habitudes qu’elle avait depuis si longtemps. Les accumulations de neige qui pouvait s’y trouver disparurent sous ses mains glacées. C’était presque une préparation pour la partie à venir. Les mots prononcés par le jeune Bass arrivèrent jusqu’à elle, malgré le vent qui soufflait en ces lieux. Elle devait commencer? Cette proposition la laissait perplexe, sans le montrer toutefois. Pourquoi elle? Serait-ce parce qu’il était un gentleman? Khaly’ en doutait fortement. Il devait avoir autre chose qu’il lui cachait. Devait-elle le savoir? Alors que la situation avançait, le jeune faisait douter la Belle de ses intentions. Elle pouvait perdre plus qu’elle ne pensait. Mais c’était si alléchant. Elle ne pouvait se résoudre à reculer. Ce serait trop facile. Pour lui. Peut-être étais-ce cela sa technique; la faire douter par tous ce qu’il faisait, afin de la faire abandonner? Il s’y prenait bien, mais pas assez.

Le jeune homme en question se remettait à faire ses ronds qui exaspéraient la Demoiselle. Miss Anderson laissa tomber un soupire. Il s’était infiltré d’entre ses lèvres sans qu’elle ne veuille. Son petit sourire avait eu une faille. Elle devait remettre cette sorte de barrière. Cela ne durant une fraction de seconde et Jonathan ne devait pas l’avoir vu. Même qu’il souciait peu d’elle en ce moment. Son attention était encore disparu ailleurs, là où Khalysta n’avait pas accès; ses pensées. Il n’avait toujours pas arrêté de tourner en rond et le temps se gâtait. La neige qui venait de reprendre avait pris de l’ampleur. Les flocons grossissaient. Il fallait commencer le plus vite possible, sinon elle serait bientôt sous une tempête. Mais elle n’avait toujours pas pris sa décision sur le fait de commencer. Cependant, Khaly’ ne pouvait pas non plus dire que c’était lui qui devait commencer. De quoi aurait-elle l’air? D’une débutante et ce n’était pas du tout le cas. Contrairement à ce qu’on pourrait penser. Trop d’assurance émanait de son être, autant qu’il pouvait en émaner de celui du jeune Bass alors qu’il disait cette nouvelle réplique cinglante. Il était aussi pressé qu’elle de commencer ce petit jeu. Doutait-il de la force que pouvait avoir la Belle? Sûrement.

Le sourire machiavélique se voulut alors charmeur. Le visage d’ange qu’elle portait bien se transformait. Elle avançait alors de sa démarche assurée vers Jonathan. Il avait arrêté de tourner en rond alors qu’elle avait légèrement toussoté pour ravoir son attention. C’était à son tour de s’approcher de lui, elle vint faire comme lui. Elle souhaitait que cela l’agacerait, d’être ainsi imiter. Elle se pencha à son oreille, murmurant assez fort pour pas que le vent enterre sa douce voix.

Patience, patience…

C’est à ce moment que tout commençait. Elle se recula, maintenant dos à lui. Toutefois, dans sa tête, des paroles défilaient à une vitesse folle. Elle n’avait pas besoin de les dicter, son pouvait était assez développer. Elle utilisait, seulement pour débuter, sa magie rouge. Elle voulait l’affaiblir, le rendre vulnérable. Alors une légère chaleur enveloppa les environs, il neigeait encore toutefois. Un désir naîtra graduellement chez le jeune homme. Ce n’était qu’une simple envie d’être près de la Belle. Elle adorait ce pouvoir appris. Elle pouvait jouer avec les sentiments, de la manipulation sadique. La suite viendrait bien assez vite. Elle n’y allait pas fort pour le moment, son but n’était que de le rendre légèrement faible. L’Anderson se rendit vers un arbre s’y accotant. Elle le regardait réagir à ce pouvoir. Elle continuait son jeu de charme. Elle n’avait même pas entendu le bruit qui semblait attirer l’attention du jeune Bass.

La jeune femme sortit enfin de son effroyable léthargie qui avait considérablement agacé Jonathan. Elle s’approcha d’une démarche qui ne lui était pas sans rappel. Elle ne s’arrêta qu’à une faible distance de lui, approcha ses lèvres de ses oreilles et murmura : « Patience, patience … » Là était le problème, de la patience, Jon’ n’en avait pas, même pas un petit peu. De plus, la neige commençait à devenir embêtante pour ses projets, et même, il avait froid. Il aurait dû s’habiller plus chaudement, mais qui aurait pu lui prédire que son escapade en forêt allait le mener à rencontrer une demoiselle intrépide qui avait des intentions peut-être pas que bénéfique ? Mais bon, quoi qu’il en soit, ce n’était qu’une grande enfant. Une petite Anderson n’ayant pas encore découvert l’ampleur de ces capacités, ne les maitrisant que vaguement. Jonathan avait un petit goût de victoire dans la bouche, même avant que le véritable combat commence. Il espérait juste que son assurance et sa confiance ne lui feront pas défaut. Toutes deux n’avaient encore jamais failli à leur tâche, à chaque fois, bien qu’il n’y ait pas encore vraiment eu de «grandes tâches», elles l’avaient soutenu. Peut-être faisait-elle la force de Jonathan ?

Je ne suis pas impatient.

Il mentit. Son corps bouillonnait. Il n’attendait que ce moment où il pourra encore une fois illustrer sa supériorité. Il aimait cela.

Khalysta se retourna et marcha lentement. Jon’ ignorait ce qu’elle manigançait, il était curieux de le savoir. Alors qu’elle se remettait face à lui, il vit dans ses yeux une lueur différente des précédentes. Elle avait un reflet rouge près de ses deux pupilles qui brillait encore plus qu’une flamme rougeoyante. Elle ne lui inspirait rien du tout. Jonathan se surprit à ne plus frissonner ; le froid s’en allait, laissant place à une chaleur aussi soudaine qu’inattendue. Il sut directement que ce réchauffement n’était pas naturel, c’était la jeune femme qui émanait une chaleur bienvenue. Jon’ voulut s’infiltrer dans les pensées de l’Anderson, comme il savait bien le faire. Il avait découvert cela quand il était encore à Vancouver. Un jour, alors qu’il était rentré de l’école, il était entré dans les pensées de sa grand-mère. Après cela, il avait eu mal la tête pendant une semaine entière ! Depuis ce jour, il s’était nettement amélioré, maitrisant ce don presque parfaitement. Mais ce « presque parfaitement » le gênait. Et si cette Khalysta était plus forte qu’elle en avait l’air ? Si son don venait à foirer, elle aurait un avantage : elle aura un sentiment de puissance par rapport au jeune Bass, même pas capable d’entrer dans des pensées. Mais d’un autre côté, peut être qu’elle n’y arrive pas et que cela l’impressionnera, même si ce n’est pas réussi à la perfection. Toutefois, il ne fallait pas prendre de risque avec ce genre de femmes, imprévisibles.

Jonathan se mit à marcher. Il neigeait toujours, même très fort, cependant, cette vague de chaleur gentiment apportée par l’Anderson vint le réchauffer. Il marchait, sans chemin précis, errant entre les quelques arbrisseaux qui le séparait de la jeune femme. Cette dernière s’appuya sur un arbre et continua à faire briller ses yeux devenus plus que rouges. Jon’ aurait voulu le démentir néanmoins cela l’impressionnait quand même. Il espérait toutefois que Khalysta ne l’a pas remarqué. Mais il en doutait …

L’hésitation est un sentiment assez incommodant. Elle vous attrapait en douce et ne vous quittait que difficilement, vous laissant cet arrière goût qu’on garde généralement quelque temps au profond de la gorge, ce sentiment d’avoir échoué, de ne plus savoir comment se diriger, d’hésiter entre deux voies, tout aussi différentes que semblables. Eh ben voilà ce que ressentait Jonathan. Il hésitait entre deux solutions : lui montrer sa face cachée, sa face animale – quoiqu’un loup-garou est-il un animal ? Non … Bien plus étrange … – ou alors rester comme il est gentiment, à parer les avances de la jeune femme comme il le pouvait. Le choix était inévitable et crucial pour la suite des événements. Un léger bruit attira l’attention du jeune homme. Depuis quelques minutes déjà, il avait entendu à plusieurs reprises des petits bruits, bien qu’à la limite de l’inaudible, mais qui obstruait Jon’. Était-il lui et Khalysta épier ? Il n’aimait pas cela …

Il fixait la jeune femme. Cette dernière avait un regard évasif, comme s’il était bien loin de cette forêt de Black Valley. Jon’ s’approcha d’elle. Il avait pris sa décision. Il n’aimait pas la facilité et la fuite, il préférait l’offensive et l’attaque. Il jeta un bref regard furtif dans le ciel, recherchant une étoile particulière, bien difficile à trouver dans le ciel nuageux. Il cherchait son étoile, oui la sienne, celle qui lui portera chance, celle qui pourra lui faire éviter de chavirer dans le pays des ombres, celle de sa victoire …

C’était une douce chaleur, seul le jeune pouvait la ressentir. Elle ressemblait à celle, lorsque nous sommes devant l’antre d’un foyer, un jour d’hiver, alors que les flammes du feu nous réchauffent. C’était totalement contrastant. Alors que la chaleur augmentait du côté de l’homme du clan Bass, la Belle ressentait toujours ce froid glacial de cette journée en saison hivernale. La réponse du jeune homme lui fit échapper un rictus d’entre ses lippes teintes de rouges. Il n’avait pas beaucoup de crédibilité dans cette phrase. Quoi qu’il avait fait l’effort d’être convainquant. Elle avait baissé la tête, alors qu’elle laissait son petit rire percé l’air. Reprenant contenance, elle replia une de ses jambes, accotant son pied au tronc de l’arbre où elle était. Son rire avait laissé la place au même sourire qu’elle avait adopté, celui charmeur. Elle reprit sa concentration. Les lignes apprises par cœur des formules continuaient de défiler promptement dans les pensées de la Demoiselle. Elle devait le contrôler pour mieux le blesser. Cette envie de lui faire mal n’avait jamais quitté l’esprit sombre de Khalysta. N’était-ce pas l’enjeu de cette partie? Celui de la sorcière, en tout cas. Son regard pétillant se teintait de rouge, elle avait presque oublié ce détail. Il devait le voir. Pourtant, il semblait impressionner de cela. Elle ne s’attendait pas à tel sentiment. Celui-ci semblait guider le jeune Bass, plus près d’elle. Elle aimait le voir ainsi. Cela commençait réellement à devenir intéressant. Ne l’avait-il pas dit, il y a quelques instants?

Elle ne pouvait détacher son regard de Jonathan, une certaine crainte la possédait. Elle n’avait pas peur de lui, elle ne voulait pas échouer. Son orgueil ne pouvait se le permettre. Une défaite ne serait pas la bienvenue. Certes, elle pourrait avoir sa revanche, par la suite, mais elle voulait gagner dans l’immédiat, comme si cette rencontre était décisive. Khaly’ se devait l’emporter, ce qui accentuait la petite lueur rouge à ses prunelles marron. Le désir qu’elle avait engendré en le jeune Bass augmentait légèrement. Il fallait qu’il soit plus près. Toutefois, elle se demandait bien ce que lui pouvait faire. La sorcière venait de commencer et elle s’attendait à une riposte, de suite après. La curiosité est un vilain défaut, elle allait l’apprendre bien assez vite. Et s’il était simplement normal? Certes, elle ne connaissait rien de la famille Bass excepté qu’ils étaient les anciens de Black Valley. Il se permettait donc de la défier sans rien en retour? Il prenait des risques si c’était le cas. La Belle aurait un combat égal, mais elle s’attendait tout de même à tout avec lui. Sans savoir réellement pourquoi. Elle volait qu’il réagisse, elle pouvait engendrer n’importe quel sentiment en lui, mais elle voulait le voir se défendre. Voir contre qui la Demoiselle se mesurait.

Et si tu nous montrais de ce quoi tu es capable?

Elle demandait, à ses propres risques, et s’attendait à être servis. Enter temps il s’était approché d’elle. Sa voix c’était voulu douce et charmeuse, ce qui complétait son pouvoir de séduction. Il fallait que la partie continue, non plutôt avance. Les choses allaient trop lentement. Ne lui avait-on pas dit que la vitesse était dangereuse? Cela ne la préoccupait pas. Seul ce qui attirait l’attention du jeune homme le faisait. Elle entendit enfin ce qui pouvait le distraire. Un simple bruit. Une tentation à regarder en cette direction l’emplissait. Mais elle devait garder son attention vers lui. L’invitant à s’exécuter elle devait s’attendre à ce qu’il agisse dans les plus brefs délais. Son manque d’attention la conduirait à sa perte. Quoi qu’elle s’y conduisait peut-être toute seule. Bref, en une fraction de seconde ses yeux pivotèrent vers le bruit en question, ne voyant rien d’anormale, son regard vers lui… Geste qu’elle regrettera peut-être.

La chaleur montait considérablement. Jon’ commençait à vraiment avoir chaud. Heureusement pour lui, il aimait cette sensation de chaleur. C’était cela qu’il l’avait tant peiné à Vancouver ! Cependant, n’ayant pas le choix, il s’était habitué à ce climat froid qu’il n’appréciait que trop peu. Toutefois, avoir chaud durant l’hiver, en plein mois de décembre, alors qu’il neigeait, ce changement assez brusque de température ne lui plaisait pas trop. Mais bon, quoi qu’il en soit, il n’allait pas se laisser faire par cette fille. Il détestait le ridicule, il attendait juste le bon moment …

Jonathan était depuis quelques secondes dans un état plus que vaseux. Il ne savait pas trop quoi faire, il commençait à ressentir les effets de cette chaleur malsaine. Il ne se contrôlait plus parfaitement. Il attrapait des envies soudaines et ininterrompues, l’incitant à s’approcher de la jeune femme. Il ne pouvait y résister, même s’il menait une grande lutte. Il venait seulement de comprendre qu’il avait sous-estimé Khalysta, et que cette Anderson portait bien son nom. Il devait être constamment sur ses gardes car chaque seconde d’inattention pourrait lui coûter abominablement cher.

Ce fut elle qui s’impatientait, toujours adossée contre le même arbre. Elle l’invitait à lui montrer ce dont il était capable. Jonathan en avait fortement envie, mais au fond de lui, il savait que ce n’était pas le moment propice ; la jeune femme ne le lâchait pas de ses yeux maintenant complètement rouges et épris d’une lueur éblouissante. Elle était appliquée et un mouvement, ne fusse qu’un geste parasite, pourrait déjà provoquer une défaite à Jonathan, avant même qu’il n’ait l’occasion de se défendre. Prudence devenait alors une obligeance. Il lui fallait quelques secondes pour pouvoir prendre part à ce petit jeu, et tant qu’elle le fixait, cela était impossible, ou du moins à hauts risques.
Le jeune Bass voulut s’infiltrer gentiment dans l’esprit de Khalysta afin de quelle façon elle désirait le faire jouer. Tout à l’heure, lors de sa première envie, il avait refusé, trouvant cela trop risqué ; néanmoins, maintenant, s’il n’agissait pas, il serait dans une mauvaise posture fortement désavantageuse. Alors qu’il allait laisser s’évader son esprit de son corps, en quête d’une victime à épier, il entendit de nouveau un bruit qui détruisit toute sa concentration. Il tourna rapidement la tête. A ce moment, il s’aperçut que la jeune femme allait faire de même…

En un instant, lors du moment de déconcentration de la jeune femme, qui s’avérait lui advenir fatal, Jonathan sauta dans les airs et atterrit sur un arbre. Jon’ s’étonna lui-même du bond qu’il venait de faire. Tout d’un coup, il eut de nouveau froid. Il se rendit compte qu’il y avait une tempête de neige horrible. Il voyait de haut la jeune femme qui le cherchait des yeux. Jonathan était fière de lui, il avait été tellement rapide que l’Anderson ne l’avait même pas vu ! Ne désirant pas la laisser dans ce néant déconcertant, il précisa sa position.

Je suis au-dessus de vous, très chère.

Khalysta leva sa tête et regarda au-dessus d’elle. Elle recula rapidement afin de voir le Bass sans trop lever la tête. Jonathan sentit de nouveau une vague de chaleur arriver mais toutefois il n’attendit pas et sauta de nouveau sur une autre branche, encore plus en hauteur. Jon’ reprenait petit à petit sa nature animale. Il se sentait reprendre de la souplesse anormale pour un humain, il sentait des poils apparaître sur son corps, il sentait que la transformation commençait. Rien n’aurait pu le montrer à la jeune femme, elle sera prise au dépourvu. Cette idée lui plaisait bien. La vague de chaleur le poursuivait, comme un chat court après une souris. La seule différence, c’est qu’aujourd’hui il se passera une exception aux règles de la nature ; la souris échappera le chat.

C’était le petit geste de trop. Celui que Khalysta savait qu’elle ne devait pas le faire et pourtant… La surprise avait envahi son menu corps alors qu’il n’était plus en avant d’elle. Stoppant, ainsi, toutes pensées qui se trouvaient dans sa tête, donc par la même occasion, toutes formules. Elle venait d’agir telle une débutante. Son orgueil venait de prendre un coup, ainsi que sa carapace stoïque. Son air charmeur et sur d’elle avait disparu. Elle ne pouvait même pas le voir. Jonathan avait profité de cette seconde d’inattention. Elle s’en voulait énormément d’avoir succombé à sa curiosité envers ce bruit qui n’était finalement rien. Elle sursauta quand le jeune Bass lui parla d’où il était. Elle dût quitter le tronc de l’arbre où la sorcière se trouvait. Cela lui apprendra. Il n’avait plus place à la surprise, seule la haine envahissait sa tête et son cœur. Elle l’avait sous-estimé. La preuve? Le Bellâtre avait des aptitudes hors du commun, le saut qu’il venait de faire était digne de cascade de film. Cela écoeurait la Demoiselle. Le combat serait-il inégal, mais à son désavantage, contrairement à ce qu’elle pensait? Jamais elle ne l’avouera. Même qu’elle croyait toujours en ses chances. Quoi que cet événement la décourageait légèrement. Reprenant une fois de plus contenance. Elle ne pouvait plus se permettre ce genre d’erreur, la situation changeait, sans qu’elle ne le décide. Son besoin de contrôle la guidait. Sa volonté de gagner ce jeu machiavélique lui dictait chaque geste. Reprenant son visage de statue, sans aucune émotion apparente, elle revenait la vraie Khalysta, disparu l’air charmeur.

Elle tenta à quelques reprises, toutefois, de redonner la chaleur au membre du clan Bass. C’était trop doux, elle devait faire mieux. S’il arrêtait deux petites secondes de sauter de branches en branches, elle pourrait bien faire un coup plus fort. Elle-même se promenait d’entre les arbres. Elle ne le perdait pas des yeux, même si pour cela, elle devait se blesser, vu qu’elle ne regardait pas où elle allait. Il ne gagnerait pas, elle se le promettait. Elle tentait bien de le suivre, contrairement à lui, elle n’avait pas une vitesse surhumaine, mais se débrouillait bien, tout de même. Ils se rapprochaient tranquillement de la grotte. Il fallait qu’elle change de tactique. Khaly’ remarquait bien que celle-ci n’était pas concluante, la prochaine pourrait l’être.

Elle ralentit tranquillement, pour ne pas éveillé les soupçons, sa vitesse. Elle voulait qu’il prenne de l’avance, peut-être pour la première fois de cette rencontre. Alors qu’il dépassait le stade de la grotte, la Demoiselle se stoppa. Elle profita de ce manque de vue sur elle pour pénétrer à l’intérieur, entre les parois de pierre. Son souffle reprenait une cadence normale. Sa poitrine se soulevait dangereusement, pour reprendre un rythme régulier. C’était à son tour de disparaître pour l’autre personne. Un faible sourire prenait vie sur son faciès. Khaly’ savait qu’elle n’avait pas beaucoup de temps pour elle. Ses gestes étaient prompts, elle regardait à l’intérieur de la caverne, comme si elle cherchait quelque chose de particulier. Passant pour la énième fois sa main dans ses cheveux, signe qu’elle était énervée. Elle s’arrêta enfin de bouger. Son plan venait peu à peu de se construire dans ses pensées. Elle se positionna devant l’entrée de la grotte. Elle pouvait voir tous les flocons faire leur chute. Le vent s’élevait fortement. Il ne restait rien de leur pas qu’ils avaient fais. Sa respiration devenue régulière, elle tentait de faire son possible pour ne pas faire de bruit. Khalysta se concentrait fortement, elle n’aurait qu’une seconde pour effectué ce qu’elle avait en tête, le jeune Bass ne devait qu’apparaître devant l’antre et le tour était joué. Cela ne garantissait pas sa victoire, mais aidait à l’obtenir. Elle ne pouvait pas faire d’erreur, se n’était plus permis à ce stade de l’échange. Attendant depuis près d’une minute dans l’endroit qui les avait fait se rencontrer, cela semblait faire plus d’une dizaine de minutes. C’est à ce moment que ce bruit revint. Plus fort encore qu’à l’extérieur. Ce pouvait-il qu’il provenait de la grotte? Il ne fallait pas qu’elle se déconcentre, même que son adversaire semblait revenir. Une de ses mains pointait irrégulièrement vers un des rochers qui se trouvait dans cette caverne de pierre. Elle gardait son bras près d’elle, mais sa main était crispée en direction de ce rocher. La Belle n’avait jamais autant voulu que le jeune homme se retrouve en face d’elle, ce n’était qu’une question de secondes.

Jonathan avait froid. Il commençait à regretter la vague de chaleur de Khalysta. Les flocons de neige devenaient de plus en plus épais et la tempête n’était probablement pas en train de se calmer. De plus, les températures ne faisaient que chuter. La jeune Anderson le poursuivait, sautant de branches en branches tout comme lui. Evidemment, Khalysta n’avait ni sa vitesse ni son agilité mais néanmoins, elle le pourchassait et ne le laissait pas la distancer. Jonathan avançait, sans regarder derrière lui. Il se rendit compte qu’en fait il était en train de fuir. Il détestait cette idée ; il n’était ni un lâche ni un froussard. Surtout que son adversaire n’était d’autre qu’une charmante demoiselle. Même si cette dernière n’avait rien d’inoffensive, que viendrait-elle à faire quand Jon’ lui montrera ses crocs ? Peut-être fuir … ou peut-être pas.

Après un certain moment de silence anormal, le jeune Bass se retourna et s’aperçut que la jeune femme n’était plus en vue. Il s’arrêta et commença à faire demi-tour. Seulement, n’était-il pas en train de repartir dans la gueule du loup ? Non, ce n’est pas elle le loup, c’est lui ! Elle, elle n’était qu’une simple brebis, se croyant bien plus que cela. Quand elle apercevra l’immensité de Jonathan, elle regrettera sûrement leur rencontre. Il arriva au-dessus de la grotte. Il scruta les environs mais l’Anderson restait introuvable, disparue comme par magie. Pourtant, Jon’ avait une bonne vue. Il décida d’aller voir dans la grotte et au moment où il allait sauter d’une branche, un puissant bruit se fit entendre. Il resta alors sur la branche, hésitant.

Il se rappela quelque chose ; il avait un rendez-vous ce soir. Il sera d’office en retard, c’était inévitable. Qu’allait-il inventer pour s’excuser ? Il faisait une balade en forêt quand il se retrouva confronter à une sorcière et qu’il n’eut d’autre choix que de combattre ? La jeune fille ne le croirait pas. C’était une simple fille, démunie de tout pouvoir et elle ignorait certainement l’existence de sorciers, vampires et même loups-garous. Il décida donc d’en finir le plus rapidement possible avec Khalysta.

Était-ce en fait un piège ? Pourquoi était-elle allée se réfugier dans la grotte ? Surement pas sans raison. Il fallait donc que Jonathan se méfie. De la méfiance, il en avait, même peut-être de trop. Il fallait qu’il trouve un moyen d’éviter le sort que lui réservait la jeune femme, mais comment ?
Il sentait la bête revenir en lui. Ces sourcils étaient en train de se souder en un, en un unique mono-sourcil. Sur ses mains ainsi que sur une grande partie de ses paumes repoussaient des indénombrables poils. De même, il sentait son côté lycanthrope resurgir, coup par coup. Comme si à ce moment les cieux l’avaient entendu penser, les nuages se dégagèrent, permettant ainsi à Jon’ d’apercevoir la pleine lune. Elle siégeait hautement et fièrement dans le ciel étoilé en partie obstrué par ces nuages noirs qui laissaient s’échapper les flocons de neige. Un léger hurlement s’évada de sa gorge. Il laissa partir un juron, maudissant le diable. Il espérait juste que Khalysta n’avait pas entendu ce hurlement. Il était maintenant sur le dessus de la grotte. Jon’ sentait la présence de la jeune femme en-dessous de lui. Il percevait également un flux d’énergie anormale. Il n’aimait pas vraiment cela. L’Anderson devait vraisemblablement encore manigancer quelque chose …

D’un coup, Jonathan s’élança d’où il se trouvait et atterrit sur le sol enneigé, à quelques mètres à peine de l’entrée de la grotte. Il se retourna rapidement et distingua dans l’obscurité de la caverne deux yeux rouges, déchirant les ténèbres infernaux. S’il en avait eu l’occasion et le pouvoir, Jon’ aurait décidé de la foudroyer sur place, seulement le Supérieur ne lui avait pas accordé cet éloge. Puisque c’est ainsi, Il allait user d’une autre faculté, plus démoniaque encore, elle faisait même trembler le Diable en personne…

Il ne comprenait toujours pas pourquoi la jeune femme n’était pas intervenue, en lui faisant subir sa cruauté. L’hésitation gagnait-elle le camp adverse ? Si tel est le cas, qu’elle y reste ! Jonathan avança vers l’intérieur de la grotte. Il sentait sa peau recouverte d’une flopée de poils emmêlés. Sa transformation arrivait à son but. Il jeta un regard furtif vers le ciel, cherchant la lune pour y puiser le reste d’énergie qu’il a besoin.

Une fois vaincue, Jonathan espérait bien qu’elle irait pleurnicher près de ces autres Anderson et qu’ils sachent tous enfin que les Bass sont de retour …

Khalysta n’attendait plus que la venue du jeune homme. Son entrée imprévue dans la caverne avait conduit ses pensées vers un nouveau plan. Peut-être serait-il meilleur que le premier, elle le souhaitait et le croyait. Elle était maintenant prête à l’affronter, il ne manquait plus que sa venue. Celle prenait toutefois plus de temps que prévu. L’impatience de la Demoiselle était maintenant atteinte. Sa concentration allait défaillir. Elle ne pouvait plus attendre. Les doigts fins de sa main en direction du rocher bougeaient nerveusement, jouant entre eux. Malgré tout, une certaine excitation la gagnait, elle voulait tant gagner qu’elle oubliait presque les dons spéciaux du jeune Bass. La Brunette entendait celui-ci revenir sur ses pas. C’était une question de secondes avant qu’elle ne l’est devant lui. Quelques secondes avant qu’elle exécute son plan véritablement bien réfléchie. Quelques secondes avant la surprise de sa vie… Ce qu’elle vit apparaître devant l’antre était loin de ce jeune homme séduisant qu’elle avait rencontré dans cette même grotte. Et pourtant c’était bien lui. Derrière cette fourrure fauve et ses traits changés, on pouvait reconnaître le jeune homme qui l’avait tant provoqué. Elle s’était complètement tromper sur la nature cet homme qui semblait aux premiers abords tout à fait normal. Un vulgaire humain, avait-elle pensée. Mais il semblerait que c’était en fait…Un loup?

La surprise avait encore une fois gagné la Belle, mais cela ne dura qu’une fraction de seconde. Elle devait exécuter ce plan qu’elle avait minutieusement concocté. Alors que ses prunelles redevenaient rouges, que sa main s’agitait férocement, le sourire provocateur faisait réapparition. Elle ne pouvait pas s’empêcher. Une dose puissante de chaleur allait envelopper le corps du loup. Les vagues qu’il avait ressentit jusqu’à ce moment n’était rien. Insupportable, elle en profita pour utilisé son deuxième pouvoir. Celui-ci inné, et non appris dans un livre. Avec sa télékinésie, le rocher que sa main pointait depuis quelques instants fut propulser en direction de son adversaire. Le coup n’allait pas être réellement violent. Assez pour préoccuper le jeune homme en pleine transformation. Elle l’énervait. Khaly’ ne pouvait pas resté en ce lieu. Seul détail faillible du plan. Elle n’avait pas la force physique d’un loup et prendre de l’avance, n’était pas de trop. Elle traversa la grotte, passant près de l’homme couvert de poil et de débris du rocher et commença une course à travers les arbres.

La neige recouvrait maintenant complètement le sol glacé. Ses sens restaient en alerte, mais elle pouvait tout de même penser clairement. Alors Jonathan Bass était un loup. Rien que ça! Elle avait imaginé plusieurs possibilités, mais pas celle-ci. Était-il le seul de cette grande famille à détenir cette forme surhumaine? Il pouvait bien se penser supérieure à elle, il l’était en fait. Même si la demoiselle contrôlait parfaitement presque tous ses pouvoirs, lui avait la force physique qu’elle ne disposait pas et qu’elle n’aura sûrement jamais. Cette course dans les bois était peine perdu, mais cela lui laissait le temps de pouvoir imaginé d’autres plan. Le jeune homme allait la rattraper, la sorcière en était persuader. Malgré tout, elle ne pouvait qu’être impressionné devant cette spécialité de Jonathan. Bien des légendes parlaient de cette race, mais rien ne la prouvait, excepté ce jeune Bass qui avait tout de ces êtres. La Belle courait toujours, une vague de liberté en elle. C’était presque exaltant. Cela faisait assez longtemps qu’elle ne s’était pas servie de ces pouvoirs de cette façon et cela lui manquait. D’un côté, elle ne regrettait pas cette rencontre, même si en ce moment elle risquait sa propre vie.

Ses jambes ne pouvaient pas suivre cette vague d’adrénaline qui emplissait son corps. Khaly’ tourna devant un arbre s’y accotant d’un même geste. Reprenant le souffle qui lui manquait quelque peu, elle passa une des ses mains dans ses cheveux bouclés parsemés de neige et l’autre alla à sa poitrine. Ce sourire ravissant, qu’elle n’abordait que trop peu, s’étirait sur ses lippes. Elle pouvait entendre l’écho des pas de Jonathan. La partie n’était pas finie et elle n’abandonnait pas…

Il faisait sombre. Jonathan percevait à peine à plus de dix mètres de lui. Sa transformation prenait plus de temps que prévu à cause de ses nuages qui voilaient la lune. Il fixait les lueurs rouges dans l’obscurité de la grotte. Mais, qu’attendait-elle ? Un bruit sourd lui parvint, mais le temps qu’il tourna sa tête, il fut percuté par un rocher et il s’écroula à terre. Il se releva difficilement, encore un peu assommé. Une fois ses esprits plus ou moins rétablis, il vit Khalysta passer devant lui et commencer à courir entre les arbres. Jonathan n’attendit pas pour la poursuivre. Mais qu’espérait-elle ? Lui échapper ? C’était impossible ! Il courrait d’une vitesse démesurée et puis les minutes passaient, plus ses jambes, ou plutôt bientôt ses pattes, allaient être propices à une course-poursuite dans les profondeurs obscures de la forêt. Ces yeux étaient en train de s’adapter à cette obscurité et sa vue changea. Il voyait désormais comme un loup. Elle n’allait pas lui échapper …

Cette partie de la forêt était extrêmement dense. Il était difficile d’avancer rapidement, vu le nombre d’arbres qui surgissaient devant Jon’. Il courait encore sur ses deux jambes, mais bientôt il avancera comme les loups, sur quatre pattes. Et à ce moment, la jeune femme ne trouvera plus d’échappatoire. Elle n’aura plus qu’à espérer que Jonathan soit clément, ce qui sera probablement impossible, vu la fureur qui circule dans ses veines.

Tu ne m’échapperas pas !

Jonathan hurla dans et sa voix fit écho dans la forêt. Même s’il ne voyait plus Khalysta, il la sentait. Il attrapait les sens plus développés des loups et il percevait sa présence un peu plus loin. Sa transformation touchait à son but ; il était sur le point de devenir l’emblème des Bass, devenir ce qu’ils sont vraiment : un loup-garou.

Les nuages se dégagèrent, emportant avec eux la neige. La lune réapparut, encore plus brillante qu’avant. Même si la nuit n’allait que débuter, le soleil était déjà loin et la lune avait déjà pris domicile haut dans les cieux. Jonathan courait, comme il le pouvait, slalomait entre les hauts sapins qui le gênaient sans cesse, esquivait les racines qui sortaient de terre pour y replonger deux mètres plus loin. Il galopait, à l’affut du moindre bruit de la demoiselle qui trahirait alors sa présence. Il la pourchasserait toute la nuit s’il le fallait et, à un moment ou un autre, il l’aura ; il n’en doutait pas. Jonathan avait découvert son « coté loup-garou » que très tard. C’était une nuit où il s’était promené dans les rues de Vancouver. C’était la pleine lune et cette dernière éclairait la ville de sa lumière grisâtre. Jon’ s’était transformé en loup, contre sa volonté et sans le savoir. Depuis ce jour, il s’était nettement amélioré et parfois il arrivait même à prendre sa forme lycanthrope la journée. Il ne maitrisait pas complètement l’entièreté de ses capacités mais il n’en était pas pour autant inoffensif. Il était même redoutable, ce qu’ignorait encore partiellement l’Anderson.

Après de longues minutes à ne voir que l’obscurité de cette forêt et à ne distinguer rien d’autres qu’une multitude d’arbres, Jonathan aperçut devant lui la jeune femme. Il la tenait. Elle n’avait aucun moyen de s’enfuir. Il prit de l’élan, sauta et atterrit juste devant elle. Un sentiment d’effroi se dessinait vaguement sur son visage. Qu’allait-elle faire maintenant ?
Jonathan était complètement métamorphosé. Mais, il n’était pas seulement un loup, il était un loup-garou, moitié loup, moitié humain. Il avait gardé quelques caractéristiques humaines, comme le fait de toujours pouvoir parler, bien que difficilement déchiffrable car ces paroles se mélangeaient avec ses hurlements.

Tu es à moi maintenant !

Cela changeait complètement les choses. Elle avait réfléchie chacun de ses plans en conséquence à ce que son adversaire soit un humain. Bien sûr, le jeune homme ne s’était pas vanté d’être un loup-garou, comme elle n’avait pas dit qu’elle était une sorcière. Ce combat inégal, qui n’était qu’au départ qu’un jeu, prenait des tournures de fatalité. Elle ne pouvait que s’en vouloir d’avoir voulu tenter le diable. Son besoin d’amusement, de divertissement avait eu raison d’elle. Sa réflexion semblait l’avoir abandonner alors qu’elle commençait la partie. Il lui semblait bien loin le moment où elle l’avait croisé dans cette grotte sombre aux légendes innombrables. Elle n’avait qu’en tête cette image d’homme à moitié animale. Le visage du jeune Bass se dissipait dans ses pensées. Son souffle lui manquait. La course entre les arbres allait bientôt prendre fin. Ses jambes devenaient lourdes sous chaque pas. Prendre une pause serait fatale, mais elle se devait de faire un arrêt. Anormalement ce n’était pas la peur qui envahissait son corps, lui dictant chaque geste pour sa survie. Non en fait, un sentiment de bien être la comblait. La Khalysta d’avant- avant la tragédie qui avait traversé sa vie- revenait tranquillement. Cette jeune femme qui aimait tant s’amuser, même si c’est au dépend des autres, dont le visage ne ressemblait pas seulement à une statue commençait à s’approprié son corps. Ce n’était que pour le temps de cette rencontre mais elle en profiterait.

La voix sonore et transformée de Jonathan répercuta dans la forêt dense. On avait l’impression que ce cri venait de partout à la fois. À ce moment, la sorcière sursauta, perdant légèrement l’équilibre de ses pas rapides. Ne tombant pas toutefois, elle reprit le peu de vitesse qui lui restait pour continuer cette course qui ne la menait nul part. Sa propre finalité peut-être. Elle devinait qu’en envoyant se rocher sur lui, la Demoiselle énerverait la bête en Jonathan. N’était-ce pas ce qu’on disait sur les loups? Ils entraient dans une colère noire en peu de temps? Cela rendait les choses un peu plus compliquées. Il faudra qu’elle utilise une fois de plus sa magie rouge, celle des sentiments, pour le calmer un peu, sinon il ne resterait plus rien d’elle. Elle aimait bien jouer, mais ne voulait pas y laissé sa vie. Il avait raison, elle ne lui échapperait pas… Pour le moment. Toutefois, cela pouvait changer. Elle l’espérait.

Une lueur argentée englobait l’espace vert. Seule lumière pour éclairer le chemin de la Belle, Khaly’ devait se stopper. S’accotant sur cet arbre, elle finissait sa course. Sa poitrine se levait promptement, preuve de son manque de souffle. Les pas de Jonathan résonnaient effroyablement. Elle devait faire face à cet homme qui avait perdu presque la totalité de ses caractéristiques humaines. Elle sursauta atrocement quand celui-ci se retrouva soudainement devant elle. Khalysta ne lui faisait pas face. Son visage était de côté, il ne pouvait voir que son profil. Elle jouait la jeune femme innocente qui avait peur. Certes, une certaine crainte était réellement en elle, mais pas comme elle le démontrait. Elle ne put cependant, retenir un rire lorsqu’il lui dit : « Tu es à moi maintenant! ». Elle se mit face au loup. Khalysta laissa son rire cristallin résonner dans les bois, pour finalement terminé en un soupire. Elle planta son regard dans celui de l’homme animal.

De ce que je sais, je n’appartiens à personne. Encore moins à toi!

Elle le provoquait. La sorcière ne pouvait pas faire autrement, c’était plus fort qu’elle. La Belle jouait avec le feu. C’est à ce moment qu’elle remit la chaleur sur Jonathan. Il fallait de suite le calmé, sinon la situation pourrait dégénérer. Cette chaleur ne serait pas pour le charmer cette fois-ci, plutôt apaiser la prochaine saute d’humeur qu’il pourrait y avoir. Et puis il fallait bien trouver quelque chose pour qu’il redevienne à l’état humain. Les pensées de Miss Anderson parcouraient sa tête à une vitesse vertigineuse. Tant qu’il resterait en loup, elle avait peu de chances de s’en tirer. Ses mains étaient de chaque côté du tronc d’arbres. L’écorce rugueuse et gelée abîmait les mains déjà glacée de la Belle. Son regard ce faisait toujours aussi intense et son sourire machiavélique.

Khalysta répondit d’un air arrogant qui ne plut pas à Jonathan. C’était peut-être pas une humaine, cependant elle était comme toutes les autres filles, sans amabilité. Toutes aussi dépourvues d’affabilité les unes que les autres. Jon’ sentit qu’elle tenta de nouveau avec sa vague de chaleur. Mais qu’essayait-elle ? Ca ne marchera pas quand il est sous cette forme-ci, c’était peine perdue. Le Bass lança un regard vers le ciel qui se couvrait. Il ne fallait absolument pas que la lune disparaisse, sinon il n’aura plus assez d’énergie pour la combattre. Il devait donc terminer ce jeu assez rapidement. De plus, si la lune venait à se cacher pendant trop de temps, il reprendrait alors sa forme humaine et là, il n’y aurait alors plus aucun espoir.

Jonathan ne bougeait plus. Il reprenait son souffle, ne lâchant pas des yeux l’Anderson. Cette dernière avait un sourire qui l’énervait. S’il en avait écouté cette envie, Khalysta serait peut-être déjà morte. Toutefois, Jon’ appréciait quelque chose chez cette fille ; elle ne méritait pas la mort. Mais, alors qu’allait-il faire d’elle ? Il ne pouvait tout de même pas la laisser filer sans rien dire ! Oh non, elle mérite une punition …

Je veux bien te laisser partir, mais à une seule condition …

Jonathan ne finit pas sa phrase. Il regrettait déjà ses paroles. Oui, il ne voulait plus lui faire du mal, mais il désirait quand même se venger de cette pierre qu’elle lui avait si violemment lancée ! Seulement, Jon’ avait une autre idée. Il allait la laisser fuir mais avec une condition qui lui serait avantageuse.

Va dire à tous les Anderson qu’ils se cachent ! Les Bass sont de retours ! Et ils n’ont pas que de bonnes intentions …

Jonathan savait pourtant qu’il n’avait rien montré de sa puissance, cependant il espérait avoir effrayé assez Khalysta, juste assez pour qu’elle aille prévenir les autres de la vengeance des Bass. Toutefois, il avait apprécié cette fille, une fois bien calmé et dans de meilleures conditions, il espérait la revoir. Elle avait un côté qui lui ressemblait. Il s’était retrouvé en elle à plusieurs reprises. Et si en fait, les loups, les vampires et les sorciers n’étaient pas si différents que ça ? Et si cette querelle était complètement insensée ? Quoi qu’il en soit, Jon’ ordonnait aux ordres. Ses parents avaient comme dernier souhait qu’il vienne venger les Bass à Black Valley, ce fut ce qu’il fit, c’est ce qu’il fait et ce sera ce qu’il fera …

Seulement, alors qu’il avait repris pleinement ses esprits humains, qu’il était en train doucement de se retransformer en homme, la lune réapparut, encore plus brillante, encore plus attirante, encore plus tentante. Il devait résister. Il détacha ses yeux de l’astre et fixa la jeune femme, qui ne bougeait plus, qui ne répondait plus. Il devait résister. Il scruta avec ses sens afin de trouver quelque chose qui pourrait tenir son attention éloignée de la lune.
Un bruit vint de la grotte. Alors qu’il y a quelques secondes Jonathan pensait que cette soirée touchait à son but, qu’il allait bientôt rentrer chez lui et passer une douce nuit, maintenant, il pensait tout le contraire. La lune venait de réapparaitre et, alors qu’il y a peu il redevait humain, maintenant, il reprenait sa forme lycanthrope.

Qu’allait-il advenir de cette soirée ? En principe, c’était une promenade. Alors que cela devenait tout autre chose.

Il hurla comme les loups font lors de ces soirs bien sombres où l’on se promène dans les bois au Canada. Alors qu’il croyait que cette rencontre touchait à sa fin, elle venait peut-être seulement de commencer …

La Belle se retrouvait de nouveau face à l’homme animal. La première fois qu’elle vu cet aspect de Jonathan, il n’était pas encore complètement transformé, alors que cette fois-ci oui. C’était surprenant et impressionnant. Cela captivait d’une certaine façon. À part dans quelques livres de magie, dont les images ne représentaient pas vraiment la réalité, Khalysta n’avait jamais vu de loup-garou. En fait, elle n’y prêtait pas attention et ne s’attendais pas à ce que cela existe encore. Elle en avait un devant elle. Comment agir? Elle ne connaissait rien de ses créatures, à part peut-être cette influence de la lune et ce caractère incontrôlable. Elle se contentait d’agir comme à son habitude. C’est-à-dire provocatrice et sadique. Cet arbre la soutenait. Elle s’y tenait fermement, ses jambes quelque peu affaiblis par la course mener jusque-là. Le silence se faisait lourd suite à la réplique de la sorcière. La patience n’étant pas dans la liste de ses qualités, elle ne pouvait supporter ce trop long suspend. Allait-il réagir, se venger? Le jeu allait-il prendre fin? La chaleur qu’elle avait provoquée sur lui, en tant que loup, semblait ne pas fonctionner, ce qui pouvait la mettre en péril. Ce qui pouvait l’aider en temps de crise, n’était d’aucun secours avec lui en cette forme. Alors que seul les sons habituels de cet endroit se faisaient entendre, ils furent coupé par la voix animale et presque qu’incompréhensible de Jonathan.

Une fois de plus, un revirement de situation se faisait de la part du jeune homme. Peu de personnes pouvaient surprendre autant la Demoiselle, trouvant les gens si prévisible, mais ce membre du clan Bass ne l’était pas du tout. Chaque fois que la partie avançait, il trouvait un moyen de déstabilisé son adversaire. Elle faisait de même, mais venant de lui c’était déconcertant. Alors le jeu était terminé? Khaly’ ne pouvait pas dire s’il avait réellement eu de gagnant. En même temps, cela était décevant. Elle aurait aimé continuer dans cette lancée, aller plus loin que les limites imposées. Son visage angélique se défit quelque peu. Il avait une condition de plus. Elle allait lui répondre quelque chose, qui allait sûrement lui dire qu’elle n’accepterait pas, mais le loup avait été plus vite qu’elle. Aucun son n’avait sortie d’entre ses lippes, mais celles-ci s’étaient entrouvertes. Les derniers mots laissé par le Jonathan la laissaient perplexe. Alors la partie ne se faisait pas entre elle et lui, mais plutôt entre les Anderson et les Bass. Elle referma tranquillement la bouche. Reprenant ce visage stoïque qui la décrivait si bien. Il n’avait rien à ajouter. Pas de petites répliques cinglantes, ni de provocation de toutes sortes. Khalysta se décolla du tronc de l’arbre, ses pieds gelé par la neige faisant quelques pas. Pourquoi rester plus longtemps en sa présence. La Belle gardait toutefois sont regard fixé sur le loup qui redevenait peu à peu le jeune homme des premiers instants. Que pouvait donc préparer cette famille et que voulait-elle des Anderson? Déjà qu’ils avaient les Hopkins contre eux maintenant les Bass? Elle resterait toujours du côté de sa famille, qui ne l’était pas réellement. En souvenir de ses parents, sûrement.

Les prunelles de Miss Anderson vagabondèrent dans les environs, celle-ci s’éloignant du jeune homme, maintenant dos à lui. Ses yeux parcouraient le ciel, aussi. Seulement quelques nuages à l’horizon, laissant la lune briller sur eux. Toutefois, le fort vent qui traversait vêtement et cheveux, poussait aussi les nuages vers la source de lumière dans le ciel. C’était une belle soirée. Loin dans ses songes, remplis de sorciers, de loups et de vampires, la Belle sursauta au bruit provenant de la grotte. Elle fit volte-face promptement. Quelque chose d’anormale provenait de ce lieu, qui, depuis le début, des bruits sonores en ressortaient. N’étais-ce pas cela qui l’avait conduite jusque-là? En se retournant, elle remarqua la lune complètement dégagée qui rayonnait une fois de plus. Ses yeux descendirent en direction de Jonathan et celui-ci recommençait à se transformer. Ses yeux ne pouvaient ce détacher de son être, quand celui-ci hurla. Il y avait quelque chose de changer, ce n’était comme le précédant. Il y avait-il un lien? Légèrement à l’écart, elle ne pouvait plus bouger tant la curiosité emplissait son corps. C’était une belle soirée, certes, mais qui tournerait vite en cauchemar.