C’était le néant. Il n’avait rien d’autre que le noir qui l’entourait. Aucun bruit ne venait déranger son état. L’ambiance était calme et douillette. La chaleur enveloppait son corps, pour un sommeil des plus profonds. Aucun rêve ne venait perturber sa quiétude. Elle n’en faisait aucun depuis un certain temps, ou ne s’en souvenait tout simplement plus lors de son réveil. C’étaient les seuls moments où elle pouvait apaiser son esprit, où les pensées défilent promptement continuellement. Sous les couvertures, la Belle dormait paisiblement. Les nuits se suivent et se ressemblent toutes. Khalysta s’endort à certaines heures tardives et se réveil de la même façon le matin. Elle ne pouvait faire autrement, c’était une habitude, loin d’être la meilleure, mais c’était tout de même la sienne.

Un perceptible changement s’opéra en elle. Le noir qui embrouillait sa vue s’éclaira légèrement. Elle prenait conscience de son environnement. Elle ressortait de cette longue pause de sommeil. L’Anderson conserva toutefois ses paupières closent. Elle était réveillée, mais ne voulait pas commencer sa journée. Une envie de rester en ce lit, entre les couvertures chaudes, envahissait son menu corps. Cependant certaines obligations se devaient d’être remplies en cette journée. La Demoiselle ouvrit donc, avec une lenteur effarante les paupières. La lumière que filtraient les rideaux de sa chambre ne la dérangea pas. Elle passa le bout de ses doigts fins sur son visage, puis finalement dans ses cheveux. Elle s’étira légèrement. Il fallait que Khaly’ soit plus éveillée. Une douche lui serait d’une grande aide. Il lui prit un temps fou avant de quitter son matelas invitant. Plus d’une fois elle s’étala de nouveau, s’enfonçant dans les innombrables coussins. Une paresse infinie s’emparait d’elle considérablement. Il ne fallait toutefois pas faillir à sa tâche. Dans son monde, une seule rencontre ratée pouvait conduire à sa propre perte. Ses pieds frôlèrent, à ce moment, le sol froid. Ses pas retentirent quelque peu, alors qu’elle se dirigea vers sa douche. L’eau fut bouillante et sa douche longue. Elle profita complètement de cette enveloppe chaude, donnant les habituels soins à ses cheveux et à son corps. Lorsqu’elle en ressortit, un halo de vapeur emplissait la pièce. Une légère brume argentée, presque imperceptible. Entourant une serviette autour de son corps, elle compléta le reste de sa préparation, c’est-à-dire, coiffer sa chevelure, se maquiller et puis finalement s’habiller.

Khalysta aimait attirer l’attention. Elle voulait que les regards se tournent vers elle lors de son passage. Elle se portait un amour sans limite et les autres devaient faire autant. Enfin, c’est ce qu’elle croyait. Aucun défaut ne devait se retrouver sur elle. La perfection même, disait-elle. Elle admirait son propre reflet. La glace lui renvoyait son image, un double identique. Elle parcourait la copie d’elle-même, des pieds à la tête. La Belle portait une robe qui semblait simple, mais qui était remplie de subtils détails. Fait d’un mélange de soie et dentelle, ainsi qu’un de rouge et de noir; le vêtement était tout simplement sublime, épousant ses courbes à la perfection. La Sorcière compléta sa tenue avec des bijoux, des bas qui allaient pour l’occasion, ainsi que des souliers à talons hauts rouges. Satisfaite de sa propre image, elle pouvait maintenant accomplir ses activités de la journée.

Elle ne mangea que quelques petites choses avant de se retrouver à l’extérieur de sa demeure. Quelques fruits mangés promptement. Il ne fallait certainement prendre du retard. Elle savait se faire attendre, mais une certaine appréhension lui dictait qu’être à l’heure aujourd’hui serait préférable. La jeune femme suivait que peu ses instincts, un contrôle excessif se devait d’être imposé. Toutefois c’était différent en cette journée fraîche d’hiver. Le vent frôlait son corps qui, malgré qu’il soit recouvert d’un manteau, frissonnait à ce contact. Cette rencontre devait être importante. À ses yeux, elle l’était. Ce petit rendez-vous hebdomadaire entre les jeunes de cette ville maudite confirmerait sa suprématie. Son rôle était venu de lui-même. Cette étiquette restait collée à son être et cela ne lui déplaisait pas. Khalysta se donnait beaucoup d’importance en oubliant parfois que les choses pouvaient se retourner avec une rapidité effarante contre elle. D’où sa présence en cette rencontre, dont elle assistait que très rarement. Ils ne devaient pas l’oublier. La jeune femme ne pouvait pas être qu’une passade et être remplacer.

Des rumeurs avaient commencé à circuler. On voulait son trône. Une simple humaine, de plus. Un être d’une banalité sans limite, aux yeux de l’Anderson, voulait son pouvoir, sa force. Mais comment une personne inférieure pouvait-il y arriver? En étant rusée. Seulement, la Brunette l’était aussi et ne se laisserait pas faire sans se battre. Sa colère se déverserait, les coups bas tomberaient dans une brutalité et une fatalité considérable. La finalité de cette guerre serait sienne. Cela ne pouvait pas se produire autrement. Promesse que Khaly’ se faisait.

Les rues changeaient et défilaient autour d’elle. La Sorcière n’en prenait pas conscience. Elle savait le chemin et pouvait donc divaguer dans ses pensées, tout en se rendant au but de cette marche. Le White horse se dressait fièrement entre quelques bâtiments qui dépérissaient à la suite des années qui passaient. Le temps avait eu raison d’eux, se souciant des conséquences que cela pouvait provoquer. Quelques autres filles s’y trouvaient déjà à l’extérieur, murmurant à une vitesse qui montait à la tête. Elles stoppèrent toute conversation à son arrivé. C’était ainsi qu’elle avait le respect, les contrôlant avec facilité. La Belle les salua sans plus de cérémonie, un sourire sournois trônait sur ses lippes teintes de rouge. Toutefois, ce n’était pas l’Anderson qu’elles regardaient, mais bien quelque chose derrière elle. Quelque chose… Plutôt quelqu’un. Une jeune femme, se dirigeait vers la petite bande avec une assurance perceptible. Ce devait être elle, sa nouvelle rivale.

Son sourire s’agrandit alors. Elle n’en ferait qu’une bouchée. Le combat serait facile et vite terminé. Le regard des autres filles semblaient perplexe devant ce nouveau face à face. Aucune inquiétude ne traversait le corps de la Demoiselle. Le vent s’éleva à ce moment précis, faisant envoler la chevelure de la Brunette dans une bourrasque. Ce pouvait-il que se soit un signe? Et si elle se trompait? La suite des évènements était encore inconnue. Ce qui était sûr, c’était que la guerre était déclarée et qu’il n’y aurait aucune pitié.