Il n’y avait que le noir. Rien d’autre que cette couleur obscure. Il n’y avait pas de sons non plus. Le froid ne venait même pas la dérangée. Sensation paisible, dans un endroit où la quiétude était perpétuelle. Un calme considérable envahissait son corps. La Belle ne ressentait rien, ni l’écorce rude sous son dos, ni la dureté du sol et pas même la froideur des lieux. Il ne pouvait y avoir quelque chose qui l’atteigne. Elle était déconnectée du monde, se retrouvant quelque part en la terre et le ciel, où une infinité de choses peuvent se produire, où l’imaginaire est maître des lieux. Cependant, à ce moment même il n’avait pas d’image, ni de couleur. Il y avait qu’un affreux vide, mais si rassurant à la fois. Cette situation s’était immiscée d’elle-même. Sans que Khalysta ne le veuille, sans qu’elle puisse réellement y faire quelque chose. Non, il n’avait rien d’autre que l’obscurité, sans rêves. Le sommeil l’avait rencontrée et s’était emparée d’elle, avec une subtilité effarante.

La place n’était pas la bonne mais elle n’avait rien pu faire. Le temps l’avait emportée, oubliant l’heure et la fatigue qu’elle accumulait. Quelques rayons de soleil étaient encore perceptibles lorsqu’elle se retrouva entre les hauts arbres de la forêt. À ce moment, elle ne pensait pas à dormir. Elle ne pensait même pas rester plus d’une heure. Mais l’esprit se joue de nous. La Demoiselle était revenue à la clairière. Ses pas l’avaient guidée d’eux-mêmes. Ses pensées l’amenaient plus loin que voulu, s’évadant à travers les souvenirs que lui procurait l’endroit. Il en avait tant, s’en était presque étourdissant. Mais un retenait son attention. Cette clairière avait été témoin de leur rencontre improvisée, une des rares dont ils avaient le droit. Ses songes l’avaient déconnectée de ce monde. Oubliant la réalité et tout ce que cela impliquait. Ils avaient été si présent que le sommeil avait eut raison de Khaly’.

Elle était là, à dormir au pied d’un grand sapin qui se battait contre la férocité du vent. Son sifflement devenait perceptible, certaines lumières traversaient la barrière de ses paupières. Cela devait être la lune. En état de somnolence, l’Anderson revenait tranquillement dans ce monde. Dans cette forêt de Black Valley. Réalité cruelle. Les animaux faisaient leur apparition dans son esprit avec leurs bruits particuliers. Le froid s’immisçait, se rendant jusqu’à la peu de la Demoiselle. Le noir devenait vivant. Des images claires apparaissant à travers cette noirceur obscure. Le réveil était proche. Elle se rendait maintenant compte dans l’état et l’endroit où elle trouvait. Pourtant son esprit s’embrouillait. Sa mémoire lui revenait peu à peu, se souvenant du pourquoi du comment de son réveil en pleine forêt, alors que rien ne pouvait lui indiquer l’heure qu’il était. Des frissons parcoururent le corps de la Sorcière, marquant perceptiblement sa peau. La jeune femme se releva péniblement. Elle replaça inutilement ses habits et cheveux, enlevant brindilles et terre qui pouvait s’avoir collé à elle. Passant ses doigts fins sur ses yeux, elle ne pouvait croire qu’elle s’était endormie ici. Dans cet endroit sombre, loin du lit douillet qui l’attendait. La fatigue l’avait totalement quitté. Comme si ce sommeil l’avait comblé pour la nuit. Cependant son corps ne pensait pas la même chose. Il ressentait le vertige de se réveil brusque, la fatigue des membres trop longtemps dans la même position. Ses pas étaient moins assurés qu’à l’habitude. Il lui fallait un peu de temps pour reprendre contenance. Son visage abordait cet air stoïque qui y trônait perpétuellement. L’espace vert était tout aussi calme qu’à l’habitude, aussi rassurant que pouvait le penser Khaly’. Car oui, malgré toute l’étrangeté des lieux, elle trouvant une sécurité dans cet étendus de nature. Elle y venait si souvent, se coupant du reste de cette ville maudite.

Elle se baladait, malgré ce manque de fatigue désormais, il fallait que la Brunette retourne chez elle. Toutefois, elle ressentait soudainement une drôle de sensation. Celle de ce sentir épié. Maintenant le calme qu’elle aimait tellement, devenait déplacé. Chaque bruit était devenu étrange, presque calculé. Ce pressentiment ne quittait pas l’esprit de Khalysta. Il y avait quelque chose de changé… Elle n’était plus seule.