Une journée de congé, c'est habituellement fait pour se reposer. Ou alors pour travailler à un autre endroit que son emploi principal, histoire de finir l'année sur les genoux et la langue par terre, mais cet état de fait n'est pas le plus fréquent. Et il ne concerne pas tellement la personne qui nous intéresse présentement. En fait, la personne qui nous intéresse avait pris cette journée de congé avec joie, malgré l'angoisse que le repos suggérait pour la jeune femme. Enfin, pas tellement le repos, plutôt le sommeil. Se reposer était toujours un moment agréable et Néphélie aimait beaucoup le faire, un livre à la main, alors que la télévision de sa chambre était ouverte sur une quelconque émission. Jusqu'à maintenant, la jeune femme avait passé les journées de congés qu'elle avait chez elle, dans sa chambre, à ne rien faire et elle en était assez satisfaite. Cette fois pourtant, elle n'avait pas envie de rester enfermer chez elle. Elle était à Black Valley depuis un ou deux mois déjà et maintenant, elle se sentait tout de même à l'aise. Il était temps de sortir et de visiter la ville! Ce qu'elle décida de faire bien évidemment!

Il était environ trois heures de l'après-midi et c'est vêtue d'un jeans foncé, évasés aux jambes, d'une camisole noire et d'une veste en laine rouge qu'elle sortie de chez elle. Dans son grand sac à bandoulière noir se trouvait un vieux livre de cartomancie qu'elle avait retrouvé dans ses bagages, livre qu'elle n'avait jamais vu et que la vieille sorcière devait lui avoir donné avant qu'elle ne quitte la boutique pour la toute dernière fois. Dans son sac, elle avait mis un vieux jeu de tarot que la vieille sorcière lui avait donné. Probablement qu'elle avait deviné ce qui allait arriver. Ou qu'elle souhaitait que sa jeune apprentie rajoute une corde à son arc... C'était tout à fait possible...

Pendant une heure, l'Italienne erra dans la ville, sans vraiment regarder où elle allait, perdue dans ses pensées. Pourtant, elle aurait été dans l'impossibilité de répéter à qui que ce soit le fil de ses pensées, tellement elle était perdue dans celle-ci. Difficile pour elle de rester concentrer sur le même sujet, son esprit vagabondant d'une idée à l'autre sans que le tout soit réellement lié. Il lui arrivait souvent de penser rouge et de finir par penser bleu. Ou alors de penser à un oiseau et de finir par penser à Matteo. Matteo... Elle pensait énormément à lui. Au moins une fois par jour. Parfois, elle ne pensait qu'à lui. Il lui manquait énormément et elle ignorait si un jour elle pourrait le revoir. Oui, il était mort, mais ses croyances l'amenaient à penser qu'il y avait quelque chose après la mort. Et elle espérait tellement le retrouver, quand elle serait prête à quitter la terre. Ce n'était pas pour tout de suite par contre, Néphélie n'était aucune suicidaire. Même après la mort de son amoureux elle n'avait jamais pensée à se tirer une balle ou s'ouvrir les poignets. De toute façon, elle était bien plus subtile que cela et si elle devait mettre fin à ses jours, ce serait sûrement par empoisonnement. Tellement plus subtil, plus doux. Quoique le terme doux n'était pas tellement approprié. Certains poisons pouvaient tuer de façon violente et douloureuse, laissant agoniser la victime pendant plusieurs heures, sans espoir de s'en sortir. Et Lili maîtrisait très bien ces poisons. Elle en avait confectionné, elle en avait fait plusieurs, entre deux filtres d'amours commandés par des femmes naïves persuadées que cela leur ramènerait les hommes qui les avaient laissés... Autant rêver, c'était impossible. Enfin, c'était possible, mais la jeune femme pratiquait la magie blanche et elle ne pouvait pas décemment manipuler l'esprit d'une personne comme cela. Les poisons étaient plus subtils, car même si elle les faisait, elle ne savait jamais comment ils allaient être utilisés. C'était une subtilité de la magie qu'elle avait rapidement comprise.

Ses pas la menèrent jusqu'aux quais de la gare. Elle n'avait jamais mis les pieds à cet endroit, mais elle n'avait jamais vraiment pris le temps de visiter non-plus. Et l'endroit semblait parfait pour entreprendre lecture du livre de cartomancie qu'elle possédait. Les bancs se trouvant sur le quai semblaient confortables et elle put confirmer cela en s'assoyant dessus, en tailleur, le livre ouvert devant elle. Une demi-heure plus tard, elle était tellement confortable qu'elle se retrouva couché sur le ventre, les jambes repliées dans les airs, le livre installé devant elle. Décidément, cette ville était étrange, mais elle pouvait quasiment dire qu'elle se sentait bien... Tellement bien qu'elle était absorbée dans sa lecture et qu'elle n'entendit même pas l'arrivée d'une autre personne sur les quais, qui se trouvait proche d'elle...

La cartomancie est une science, une science ésotérique au même titre que n'importe quel autre science. La lecture des cartes est quelque chose de difficile, mais il s'agit d'une connaissance importante, que tout sorcier, sorcière, astrologue et autres pratiquants doivent connaître. Il n'est pas rare de trouver des pratiquants jouant exclusivement de la cartomancie. Il faut ce méfier d'eux. Ils ne savent que très rarement ce qu'ils font. L'influence des cartomanciens est souvent peu prise aux sérieux, mais les gens les consultants sont influencés par les prédictions et les fausses prédictions peuvent venir à tuer quelqu'un. Et les forces cosmiques associeront cette mort au cartomancien. La règle de trois est aussi valable en cartomancie. Le vrai cartomancien, la personne qui sait vraiment lire le futur saura annoncer les évènements et saura peut-être même les éviter...

Néphélie arrêta sa lecture à cet instant. Elle commença à repenser à cela, se demandant si s’engager dans cet apprentissage sans aucun maître pour l’aider était une bonne idée. Lire le futur l’intéressait fortement, elle ne pouvait pas le nier, mais est-ce qu’elle avait envie de risquer sa vie et sa santé mentale -qui d’ailleurs commençait à peine à aller mieux- pour réussir à peut-être éventuellement voir le futur? Même si cela l’intéressait, elle continuait à se demander si c’était une bonne idée. Surtout sans personne pour la guider, pour lui montrer ses erreurs, pour lui apprendre comment et quoi ressentir. Elle avait toujours trouvé dangereux et stupide l’apprentissage des arts ésotériques, c’était un peu aller à l’encontre de ses principes que de tenter d’apprendre la cartomancie…

Finalement, son débat intérieur prit fin quand elle replongea son nez dans son livre. Elle n’avait rien décidé, elle avait préféré continuer de s’informer. Et le livre était très intéressant. La vieille sorcière avait eu raison de le lui laisser. Et si la jeune femme commençait vaguement à manquer de livres à son goût, elle trouverait très certainement des vieux livres peu attrayant dans la boîte qui trônait dans sa chambre et qui portait le nom de livres de la vieille sorcière. Alors que la jeune femme repensait à cela, un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Jamais elle n’avait connu le prénom ni même le nom de la femme, alors qu’elle connaissait celui de Néphélie. La femme racontait que l’on possédait un pouvoir immense sur les gens uniquement en connaissant leurs noms et prénoms. Et c’était pour cela que jamais la vieille dame n’avait donné son prénom. Elle préférait se faire appeler vieille sorcière ou madame. Et Lili avait respecté cela, comprenant parfaitement les motivations de la femme. Sauf qu’elle, elle n’y croyait pas tellement, trouvant cela vraiment trop abstrait, même pour elle. Après tout, si c’était vraiment vrai, cela se saurait et il serait facile pour quiconque de manipuler les autres. Malgré ses connaissances et son expérience, Néphélie était encore loin de celles de la vieille sorcière…

Repensant à la vieille femme, elle ne pus s’empêcher de revoir la scène de la boutique, l’endroit saccagé, la femme couchée sur le sol, son poignard de cérémonie sortant de sa poitrine. Qu’est-ce qu’elle pouvait s’en vouloir de ne pas avoir été là pour la vieille, alors qu’elle, elle avait toujours été là pour la jeune femme. Malgré son caractère difficile et hargneux, elle était franche et aimante. Elle était comme une deuxième mère pour Lili et elle lui manquait terriblement. Elle s’en voulait de ne pas avoir assisté à ses funérailles, tout comme elle n’avait pas pus le faire pour Matteo. Et elle était persuadée que cela rendrait son deuil encore plus difficile à faire. Déjà qu’il était assez difficile à son goût…

Désirant à tout prix ne pas repenser aux évènements des mois passées, elle continua sa lecture, essayant tant bien que mal d’extraire les souvenirs qui affluaient dans sa mémoire… Heureusement pour elle, quelque chose -ou quelqu’un, c’est au choix- vint la déranger dans sa lecture. Sans comprendre pourquoi elle ne l’avait pas entendu se poser à côté d’elle, elle se retourna quand même vers le nouvel arrivant, qui s’avérait être quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Enfin, elle se rappelait l’avoir vu une ou deux fois de loin, mais elle ne le connaissait pas. En même temps, vu la quantité de gens qu’elle connaissait, c’était assez normal… La voix était bizarre… Agréable, mais bizarre. Un ton neutre, qui plaisait bien à Néphélie, qui entrepris de répondre à son tour, sur le ton de la constatation, un désolé d’entendre des choses aussi pessimiste.

-Jamais accessible? C’est assez défaitiste comme façon de voir les choses.

Un léger sourire sur les lèvres, elle fixa son regard sur le jeune homme, évitant pourtant de regarder ses yeux…

(Ça va ^^ Petite précision, le texte du début, c'est un peu n'importe quoi et c'est moi qui l'ai écrit, donc... ^^")