Midi sonne... Il est donc temps d'aller manger. Enfin, pour une personne normale. Sauf que manger sur l'heure du midi c'était quelque chose de tout simplement impensable pour une caissière d'épicerie de manger sur l'heure du midi. Particulièrement pour celles qui travaillent à l'épicerie de Black Valley. Il n'y a peut-être pas une clientèle énorme, mais la quantité d'employé frôlait le zéro total, ce qui impliquait pour la caissière de la journée, Néphélie avait regardé les quatre premières heures de la journée passée de façon tellement lente qu'elle en était venue à se demander si elle n'était pas dans un nouveau cauchemar. Et elle avait encore quatre heures à faire avant que sa collègue vienne la remplacer. Pourtant, la jeune Italienne n'avait aucune envie de terminer sa journée. Ce n'était pas qu'elle aimait son travail -elle préférait et de loin celui qu'elle faisait quand elle habitait encore Rome- mais pendant qu'elle se trouvait derrière sa caisse, elle n'avait pas à s'en faire avec ses cauchemars. Et les après-midis où les gens venaient faire leurs courses étaient des après-midis qui passaient parfois trop vite. Cela agaçait un peu Néphélie, surtout qu'elle n'avait pas grand chose à faire après avoir fini son quart de travail.

Son estomac criait famine et elle ne souhaitait qu'une chose, manger. Sauf qu'elle devait encore attendre une heure trente avant de pouvoir ouvrir son sac dans lequel elle avait mis son lunch, un simple sandwich jambon-fromage. Heureusement qu'elle avait la possibilité de grignoter des trucs plus ou moins bon pour sa santé en attendant. Sans oublier la lecture qu'elle pouvait faire sur ses heures de travail. D'ailleurs, elle lisait probablement plus qu'elle ne travaillait. En fait, elle en venait même à apprécier les dimanches où elle se retrouvait souvent seule employée. Dans cette situation, elle avait beaucoup plus de boulot et elle pouvait ne penser à rien. C'était tout de même beaucoup plus agréable. Surtout que d'ici un mois, elle terminerait l'ensemble de ses livres et elle ignorait où elle pourrait en racheter. Il n'y avait même pas de bibliothèque pour étancher sa soif de lecture et son envie de s'évader. Sans oublier qu'elle ne connaissait pas tellement de gens dans la ville. Et que même si elle connaissait des gens, elle n'était pas du genre à faire la fête à tout bout de champs. La sociabilité n'avait jamais été son fort et depuis son départ, elle avait surtout passé son temps entre le boulot, la lecture et ses cauchemars.

Enfin, l'heure de manger sonna. Enfin, c'est son estomac qui la prévint en criant plus fort, ce qui sursauter le commis qui passait par là. Elle lui lança un regard un peu gêné et s'empara de son sandwich, dans lequel elle mordit avec rage et fureur. Rapidement, elle le termina et elle se sentit prête à terminer sa journée!

Le temps passa rapidement. Le jeudi était une journée chargée, car les gens recevaient leur paye et ils prenaient souvent le temps de faire leurs courses. Heureusement pour Lili, elle ne se retrouverait pas dans le moment le plus difficile de la journée. Elle laissait cela à sa collègue, qui justement arrivait. L'italienne salua sa collègue qui venait tout juste d'entrer et commença à ramasser ses affaires. Malgré le peu de temps qui la séparait de son embauche, elle savait que le temps séparant l'arrivée de sa remplaçante et celui où elle prenait le relais était très court. Quand celle-ci s'installa à la caisse voisine, la jeune femme aux cheveux noirs était déjà en train de retirer le tiroir de sa caisse pour aller compter le fruit de ses efforts.

Elle mit environ dix minutes à faire le tout, poinçonna sa carte de temps et sortit de la salle des employés. Habitant très proche de l'épicerie, elle se rendait toujours à pied au travail, profitant des journées de beaux temps qui l'attendait très souvent. De toute façon, elle n'avait pas de voiture et l'autobus n'était pas une possibilité envisageable... Les écouteurs sur les oreilles, elle se dirigea vers la porte et salua sa jeune collègue, qui était déjà dans le jus. Elle n'eut pas le temps de se retourner qu'elle percuta la personne qui passait les portes au même moment. Néphélie sursauta et recula d'un pas, avant de lever les yeux vers la personne qui venait de la sortir de ses pensées.

-Oh, salut.

C'est tout ce qu'elle articula en apercevant la personne qui était là. En début de journée, elle aurait probablement explosé et accuser injustement la personne qui venait de se faire percuter, mais pour le moment, elle n'était pas trop énervée. La réaction de Lili était à l'opposée de ses réactions habituelles, mais elle-même ne s'en préoccupait pas. De toute façon, elle était habituée à ses sautes d'humeurs...